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Protection de l’enfance et conspirationnisme

Le complotisme a ceci d’effrayant qu’il peut se matérialiser très concrètement dans la vie de chacun d’entre nous. Les professionnels de la protection de l’enfance peuvent en attester.

L’affaire de l’enlèvement de la petite Mia, kidnappée par une mère qui n’avait plus légalement le droit de la voir ou de lui parler seule à seule, est là pour nous le rappeler. Le rapt de cette enfant de 8 ans a en effet été rendu possible par la mobilisation de plusieurs personnes fréquentant assidûment les réseaux sociaux, et plus particulièrement ses sphères complotistes. Qui luttent, pêle-mêle, contre la « dictature sanitaire » et les « réseaux pédo­cri­minels » de l’Etat. Derrière ce fait divers, qui s’est heureusement bien terminé – Mia a été retrouvée saine et sauve en Suisse puis remise à sa grand-mère –, c’est bien à un boulever­sement auquel sont confrontés les services de l’aide sociale à l’enfance. Voire à un changement de paradigme, comme le suggère le formateur en travail social Laurent Puech. Dans un billet de blog inspiré(1), il met en exergue ce retournement : le complotisme permet à des parents défaillants de rejeter un système qui serait mauvais par essence, incarné par les services de la protection de l’enfance, plutôt que de se remettre en question et d’apprendre, finalement, la parentalité.

Le rejet qu’inspirent les travailleurs sociaux à une fraction grandissante des personnes concernées se traduit par une montée des violences. Au-delà des appels explicites à aller arracher les enfants par la force sur leur lieu de placement, il se traduit par une profonde défiance à l’égard des professionnels. Comme le souligne Laurent Puech, « lorsque l’on se sent agressé, et que l’impression de ne pas pouvoir se défendre s’installe, l’agression-défensive peut constituer l’ultime réponse pour espérer changer les choses ». La tentation du passage à l’acte se nourrit des fictions conspirationnistes.

Une spirale évidemment mortifère pour les enfants concernés mais aussi pour les parents, qui démontrent par leur attitude qu’ils ne sont pas capables de leur offrir un cadre éducatif et affectif sécurisé.

Pour endiguer ce qui n’est déjà plus une somme de comportements indivi­duels mais bien une véritable tendance de fond, il est nécessaire d’entamer une réflexion collective. Face à des boucles de ressentiments qui alimentent en permanence ces thèses complotistes, un considérable travail de pédagogie et d’accompagnement devient impératif. Il requiert de la patience, d’importants moyens et du professionnalisme.

Notes

(1) A lire sur le lien bit.ly/3hld2Y8.

Éditorial

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