L’été dernier, le ministre des Solidarités et de la Santé avait annoncé des hausses de salaires pour les métiers de l’hôpital. Sans anticiper que certaines fonctions exercées dans le cadre hospitalier sont exactement les mêmes que dans les secteurs du soin et de la prise en charge des publics les plus fragiles. Ces mesures décrétées par le gouvernement poussent des pans entiers du secteur social et médico-social à se concurrencer, les salaires de la fonction publique hospitalière étant devenus plus attractifs que ceux du secteur associatif. C’est pour dénoncer ces disparités que des travailleurs sociaux exerçant à Champhol, près de Chartres, se sont cette semaine lancés dans une… grève générale. Pourtant, ces professionnels garants d’un dispositif d’accompagnement médico-éducatif accueillant des mineurs en situation de handicap vont avoir bien du mal à instaurer un rapport de force qui leur soit favorable. Pour quelle raison ? Parce que cette grève générale n’a de réalité que le nom. Si plus de 80 % des salariés se déclarent grévistes, tout le monde est à son poste. Et lorsqu’ils manifestent devant leur établissement, c’est le mercredi, jour durant lequel aucun public n’est accueilli.
Il ne s’agit pas, ici, de les blâmer pour leur manque de convictions. Mais bien de constater devant quel choix cornélien sont placés les acteurs du monde social pour faire valoir leurs droits et obtenir des conditions de travail acceptables.
Soit ils se mettent réellement en grève, et ce sont les publics vulnérables dont ils ont la charge qui pâtiront d’une situation dont ils ne sont en rien responsables, leur conférant presque le statut de double victime. Soit ils assurent coûte que coûte leurs fonctions, souvent à leur détriment physique et psychique, et ils auront bien du mal à être entendus par les responsables politiques.
L’histoire récente nous instruit pourtant sur la voie à suivre pour se faire entendre. Pendant des mois, les urgentistes ont débrayé tout en assurant la continuité des soins. Sans résultats probants à la clé de ce long conflit. Faut-il, provisoirement, priver d’accompagnement ceux qui en ont le plus besoin afin d’être en mesure de leur offrir un meilleur service dans le futur ? Ce débat ne peut être tranché que localement. Et au sein d’un collectif.