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Le grand tabou

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« Être violée une fois, c’est être discréditée, stigmatisée à vie. Soudain devenir suspect, coupable. Coupable de ne pas avoir su dire “non”. Coupable de fragilité, de subjectivité, de colère. Coupable de déranger la bien-pensance de ceux qui nous entourent. Le viol n’est pas une fracture du tibia. C’est une fracture de l’âme et seul le temps la rafistolera tant que bien que mal. Plus ou moins bien. Plus ou moins droit. » Stéphanie Dautel a été violée à 12 ans par un inconnu qui lui demandait où il pouvait trouver un garage pour sa voiture. Le Petit Chaperon rouge, comme elle nomme tous les enfants abusés comme elle, est tombé dans la gueule du loup. La suite ? La petite fille en elle est morte. Un lourd silence s’est abattu dans la famille. L’enfant aurait aimé que ses parents portent plainte, ils ne le feront pas. Le sujet dérange, le quand dira-t-on aussi. Drogue, alcool aident l’adolescente à fuir la douleur mais elle fera trois tentatives de suicide. A 39 ans, Stéphanie Dautel devient éducatrice spécialisée. D’abord dans des centres d’hébergement et de réinsertion sociale auprès d’adultes en grande précarité puis en protection de l’enfance. Chez les personnes qu’elle accompagne, elle retrouve ce qu’elle connaît bien : le chaos intérieur, les dégâts indélébiles qu’engendrent les abus sexuels sur les enfants. Des vies fracassées, des secrets de famille verrouillés, le déni, le rejet, la honte, la culpabilité, le silence ravageur… conduisant à l’autodestruction, à la régression mentale, voire à la folie. Et à la reproduction. Dans certaines familles, en effet, l’inceste se transmet de génération en génération. « De plus en plus d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance montrent une excitation sexuelle qui ne correspond pas à leur âge, et qui prouve sans aucun doute qu’ils ont été abusés », affirme l’éducatrice. Cette problématique bouscule les certitudes et met les travailleurs sociaux et la protection de l’enfance mal à l’aise. L’auteure, à l’aune de ses expériences personnelles et professionnelle, tente de leur offrir des pistes de réflexion.

Notes

« Le festin de l’ogre. Autopsie d’un crime ordinaire » – Stéphane Dautel – Ed. Max Milo, 19,90 €.

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