Dans les pays occidentaux, les inégalités sociales seraient moins élevées en période de chaos qu’en période de paix. C’est la thèse défendue par l’historien autrichien Walter Scheidel dans un ouvrage de près de 800 pages. De l’âge de pierre à nos jours, il a étudié de très divers vestiges (cadastres, tessons de céramique, etc.), compulsé les archives, tracé des courbes, comparé et analysé 5 000 ans d’histoire sur les six continents. Un travail magistral, dont il ressort qu’en France, au XXe siècle, les inégalités se sont réduites pendant les deux guerres mondiales pour augmenter par la suite. Autre idée dérangeante : les sociétés les plus développées seraient entachées de disparités extrêmes. N’y aurait-il que les bouleversements et les tumultes pour les réduire ? Quid alors des mouvements de lutte pour davantage de justice sociale, de la lutte des classes, de la solidarité ? Pire encore : la boucle serait bouclée si la violence était justement une réponse à l’accroissement insoutenable d’un système inégalitaire.
« Une histoire des inégalités. De l’âge de pierre au XXIe siècle » – Walter Scheidel – Ed. Actes Sud, 28 €.