Recevoir la newsletter

Irlande : la pandémie de Covid-19, une « chance » pour les sans-abri

Article réservé aux abonnés

Image

Irlande : la pandémie de Covid-19, une « chance » pour les sans-abri

Crédit photo Étienne Cassagne
La principale organisation caritative prenant en charge les sans-abri en Irlande estime que le coronavirus a fourni une « opportunité cachée » en incitant nombre de ces personnes à quitter la rue et à accepter un parcours de soins.

La pandémie de coronavirus a fourni une « opportunité cachée » aux organisations chargées d’offrir de l’aide aux sans-abri. Comment ? En leur permettant de sortir davantage de personnes de la rue et de les placer dans des logements pérennes, affirme Pat Doyle, directeur général de Peter McVerry Trust. Selon la principale organisation de bienfaisance pour les SDF, le nombre de ces derniers a baissé de manière drastique « grâce » à la pandémie sanitaire. Avant la Covid-19, l’ONG comptait 70 à 90 personnes dormant dans certaines grandes artères de Dublin, un chiffre qui a chuté autour d’une trentaine, rapporte The Irish Times. « Notre groupe de “clients” est très vulnérable, beaucoup ont des problèmes de santé sous-jacents et les ont négligés pendant des années », ajoute Pat Doyle, pour qui la politique de mise à l’abri dans des chambres d’hôtel individuelles, au nom de la protection contre le virus, a permis de maintenir le taux de contamination de cette population fragile à un niveau inférieur à celui de la population générale.

Un succès qu’il s’agit de mesurer à l’aune d’autres estimations, dont celles concernant la capitale française rendues publiques au mois d’octobre 2020. « La précarité, voire la grande précarité est très touchée par la maladie. Le nombre de personnes infectées chez les SDF à Paris est de l’ordre de 40 % », déclarait par exemple le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, quand l’ONG Médecins sans frontières évaluait à un sur deux le nombre de contaminés chez les personnes frappées par la grande pauvreté, migrants inclus.

En Irlande, la peur du Covid-19 n’a pas seulement poussé des personnes fragiles et marginalisées à enfin sortir de la rue, mais également à accepter des offres de soins et de services qu’elles refusaient auparavant, souligne Peter McVerry Trust, qui a historiquement fondé toute sa stratégie sur la politique du « logement avant tout ». « Ce sont des gens qui auraient survécu dehors, en allant dans les cafés pour utiliser les salles de bains, en demandant aux gens de faire bouillir de l’eau, en utilisant les toilettes publiques », détaille Pat Doyle, pour qui la stabilité des établissements logeant ce public a donné le temps à ses salariés et bénévoles de travailler sur les causes profondes qui ont jeté ces personnes à la rue ou dans l’itinérance : « Beaucoup d’entre eux ont été traités pour des problèmes de santé mentale. Ils ont pu avoir accès à des traitements, des services de soutien pour échapper à l’emprise de l’alcool. » L’organisme propose ainsi un service de stabilisation et de rétablissement de la toxicomanie, un autre de « désintoxication communautaire en résidence » et un service d’hébergement post-cure.

« Miracle » dans un paradis fiscal

Ce phénomène de petit « miracle » irlandais trouve aussi son origine dans l’étrange statut du pays. Paradis fiscal européen, l’Eire attire depuis de nombreuses années les grandes multinationales désireuses d’échapper à l’impôt. Et ces dernières, en se retirant provisoirement du marché de la location de bureaux à cause d’un recours massif au télétravail, ont libéré de gigantesques espaces que les propriétaires, peu enclins à perdre de l’argent, se sont résignés à louer à des ONG aidant les sans-abri. Du « pain bénit », pour Peter McVerry Trust, qui avait initialement planifié son service sur des périodes de six mois réservées en priorité aux familles avec enfants. En raison de la crise aigüe du logement en Irlande en général et à Dublin en particulier, les personnes célibataires en situation d’itinérance étaient contraintes de se rabattre sur des hébergements d’urgence, rendant plus complexes les mécanismes de soins et de suivi adéquats. Selon les statistiques de l’ONG, près de 7 000 personnes ont bénéficié de ses services en 2020 dans l’ensemble du pays.

… et d’ailleurs

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur