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Les personnes prostituées cumulent les vulnérabilités

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La persistance de la crise sanitaire et sociale liée à la Covid-19 amplifie la perte sèche de revenus des personnes prostituées. Depuis un an, les associations tentent de faire face au cumul de vulnérabilités de ce public en situation de grande exclusion.

Dramatique. C’est ainsi qu’il convient de qualifier la condition des personnes en situation de prostitution, un an après le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Invisibilisé en raison de ses pratiques informelles, ce public souffre en silence. S’il est difficile de dresser un tableau exhaustif du nombre et du profil des personnes concernées, leur pauvreté et celle de leurs enfants sont avérées.

Urgences multiples

Les sollicitations d’aides alimentaires explosent. « 3 500 travailleurs du sexe (TDS) n’ont pas de quoi manger sur les territoires de nos 11 associations adhérentes. Mais il s’agit d’une très faible part des personnes en extrême précarité, et la situation continue de se dégrader », assure Eva Vocz, coordinatrice de la Fédération Parapluie rouge. En cause, l’alternance des périodes de confinement et de couvre-feu, qui forcent à l’arrêt ou à la baisse des activités. « Cela touche à présent des personnes qui n’étaient pas dans le besoin avant la crise », pointe Eva Vocz.

Souvent stigmatisées, parfois sans papiers ou sous la surveillance de réseaux mafieux, elles évitent le recours aux associations de droit commun. Des partenariats avec des banques alimentaires permettent donc à certaines associations spécialisées d’apporter un soutien. Pour les professionnels, l’un des enjeux majeurs consiste à garder le contact. Pour parer le manque de mobilisation de l’Etat, les acteurs du secteur ont dû compter sur leurs propres moyens : fonds propres, aides de fondations, création de cagnottes en ligne ou mise en place de permanences téléphoniques.

Car à l’urgence alimentaire s’ajoute celle de faire face aux loyers impayés. « Des expulsions ont lieu, en particulier depuis le début de l’année », indique Cécilia Nguyen, coordinatrice de programmes Caso (centre d’accueil, de soins et d’orientation) pour Médecins du monde à Rouen. La saturation des centres d’hébergement spécialisés (dont les centaines de places de l’association Amicale du Nid) et des centres d’hébergement d’urgence de droit commun complexifie lourdement l’accompagnement des travailleurs sociaux. « Nous devons prioriser les aides. Payer les loyers, orienter vers les centres d’hébergement, aider à manger. Ce sont des choix très difficiles », précise Alexandra Jouhanneaud, salariée du pôle « contact, accompagnement et insertion » du Mouvement du Nid de l’Hérault. Après des mois d’alertes répétées auprès du gouvernement, en mars dernier, une enveloppe de 500 000 € de tickets services a été allouée aux associations Mouvement du Nid, Amicale du Nid et Médecins du monde, alors qu’un premier soutien de ce type avait eu lieu à la fin du premier confinement. « C’est une petite prise de conscience », note la coordinatrice.

En matière de pratiques, la période aura aussi renforcé le glissement vers Internet déjà utilisé par l’écrasante majorité des TDS. Une tendance accentuée par la raréfaction des clients et par les horaires de couvre-feu qui engendrent une « guerre des trottoirs » où la compétition fait rage. Par ailleurs, depuis plusieurs mois, l’entrée dans la prostitution de femmes seules avec enfants ou d’étudiants précaires augmente. Pour l’accompagnement en ligne, plusieurs associations organisent des maraudes virtuelles pour renforcer le lien. En parallèle, de nombreuses TDS affirment vouloir sortir de la prostitution et ce, pour diverses raisons. La période a généré pour certaines du stress post-traumatique lié à l’enfermement, d’autres ont pris du recul et ne souhaitent plus exercer. « C’est aussi la précarité liée à la crise qui les pousse à vouloir arrêter », explique Cécilia Nguyen.

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