Les visions abolitionnistes et réglementaristes s’opposent aussi à l’échelle internationale. La Suède – suivie par l’Islande et la Norvège – fait figure de précurseur en matière d’abolitionnisme en incriminant dès 1999 l’achat d’actes sexuels. A l’opposé, l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Suisse ont instauré un modèle juridique encadrant et régulant la prostitution, en mettant en place un statut de travailleur du sexe. Selon la Coalition pour l’abolition de la prostitution (CAP) International (réunissant 34 associations principalement animées par des ex-prostituées, qui militent dans 27 pays pour mettre fin aux pratiques), en Suède, moins de 1 000 personnes seraient actuellement en situation de prostitution : « Tous les sondages, au fil des années, montrent qu’il y a de plus en plus d’adhésion à la loi et au modèle abolitionniste. C’est le fruit d’une sensibilisation portée par les pouvoirs publics », déclare son directeur général, Jonathan Machler. Le pays ne déplorerait en outre aucune personne prostituée tuée depuis vingt ans. « Pour une loi qui soi-disant augmente les violences, c’est quand même le contre-exemple total. » De son côté, l’Allemagne, qui a opté pour une politique réglementariste dès 2002, comptabilise entre 200 000 et 400 000 TDS. « L’effet premier d’une dépénalisation totale, c’est l’explosion d’un marché », estime le directeur.
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