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Deux salles, deux ambiances

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12 mars 2020, allocution du président de la République. « Cette épreuve exige aussi une mobilisation sociale envers les plus démunis, les plus fragiles. […] Je compte sur nous tous pour inventer dans cette période de nouvelles solidarités. »

A Luxeuil (Haute-Saône), madame C., 73 ans, fait quelques courses à moins d’un kilomètre de son domicile. Contrôlée par des policiers municipaux, la dame tient des propos incohérents et montre une attestation de sortie sur laquelle la date est mal renseignée. Elle écope alors d’une amende de 135 €, qui sera majorée quelques jours plus tard à 166 € pour défaut de paiement. Précision utile : la septuagénaire souffre de la maladie d’Alzheimer.

A Bordeaux, monsieur B., réfugié somalien, a de grosses difficultés de lecture et d’écriture dans sa langue maternelle. Il ne parle pas anglais et la communication avec les services sociaux se fait principalement par gestes. Il revient un jour avec une contravention sans comprendre de quoi il s’agit. Il avait rempli seul son attestation pour se rendre aux Restos du cœur mais avait indiqué sa date de naissance au lieu de la date de sortie(1).

28 octobre 2020, allocution du président de la République. « Ma responsabilité est de protéger tous les Français. […] D’abord, c’est le premier [objectif], protéger les plus âgés, les plus fragiles […], les plus modestes. […] Les établissements recevant du public, notamment les bars et restaurants, seront fermés. »

A Bordeaux, monsieur D. est verbalisé en journée place de la Ferme-Richemont (parking autour duquel vivent de nombreuses personnes sans domicile fixe). Le motif ? « Déplacement hors du lieu de résidence sans document justificatif conforme dans une circonscription territoriale en état d’urgence sanitaire ou en zone de circulation active du coronavirus. » Son domicile ? 4, rue Claude-Bonnier, soit l’adresse du centre communal d’action sociale… A-t-on vraiment besoin de préciser que monsieur D. est sans domicile fixe ?

A Plougoumelen (Morbihan), le restaurant routier de madame G. n’est pas dans la liste de ceux autorisés par le préfet à rouvrir pour assurer les services essentiels, repas et sanitaires, aux conducteurs routiers. Cette jeune femme vit très mal la crise sanitaire qui affecte le secteur. Quelques jours après l’annonce de la préfecture, la restauratrice met fin à ses jours.

31 mars 2021, allocution du président de la République. « L’irresponsabilité de quelques-uns ne doit pas ruiner les efforts de tous […]. Je sais aussi pouvoir compter sur vous afin d’éviter [..…] les rassemblements privés, les fêtes avec les amis […]. Nous devons, pour les mois à venir, fournir chacun un effort supplémentaire […]. Un effort des soignants d’abord […]. Ouverture de nouvelles capacités d’accueil dans certains hôpitaux parisiens. »

A Paris, dans un très chic appartement parisien, de très chic convives se réunissent pour un très chic repas, moyennant un prix très chic.

En France, depuis le début de l’année 2021, on compte déjà cinq suicides d’internes. Et on ne compte plus les soignants en burn-out. A l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, il y a des travaux dans la salle du self du personnel. La rumeur dit que des lits de réanimation y seront bientôt installés…

Notes

(1) bit.ly/3cRpf4c (Harmonie Lecerf, adjointe au maire de Bordeaux).

La minute de Flo

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