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Espagne : un syndicat pour les sans-abri

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Espagne : un syndicat pour les sans-abri

Crédit photo Étienne Cassagne
Fragiligés par la crise sanitaire et épuisés par l’indifférence des pouvoirs publics à leur égard, les sans-domicile fixe et les mal-logés de Barcelone s’organisent pour défendre leurs droits. Une première à l’échelle du pays.

« Nous sommes les oubliés de tous et aujourd’hui, nous avons décidé de nous relever », proclamaient les promoteurs du premier syndicat constitué en défense des sans-abri, à l’occasion d’une conférence de presse organisée devant la mairie de Barcelone, le 18 mars dernier. En 2020, 18 sans-domicile fixe (SDF) ont trouvé la mort dans les rues de la capitale catalane, et les conditions de vie de ces invisibles n’ont cessé de se dégrader à cause de la pandémie de Covid-19.

Une centaine d’entre eux ont donc décidé de s’organiser en syndicat. Une première à l’échelle nationale. « En aucun cas nous ne pouvons tolérer que les institutions nous laissent mourir de froid. Cela nous conduit à pointer du doigt les coupables, à dénoncer le manque de moyens de la mairie et à exiger des solutions réelles et définitives. Aujourd’hui, les ressources qui nous sont données sont insuffisantes. Nous sommes, au mieux, entassés comme des animaux dans des pavillons », déclarait Albert Gort, porte-parole du syndicat. Parmi les revendications de ce dernier, qui succède à une initiative similaire née en Italie en 2017, figurent la multiplication des soupes populaires ou un allègement significatif de la bureaucratie pour rendre plus accessibles les aides et les prestations.

Exiger un accès social pour les 13 000 appartements vides

Toujours selon Albert Gort, le nombre de sans-abri a augmenté de 22 % depuis mars 2020, et la fermeture de nombreuses structures d’accueil liée à la crise sanitaire contraint les SDF à passer de plus en plus de temps dans la rue, réduisant à peau de chagrin leurs courts moments de répit et la qualité de leur prise en charge. « En temps normal, les sans-abri éprouvent déjà des difficultés. Avec la pandémie, c’est encore pire. Les autorités ont fermé 90 % des ressources que nous utilisons et nous avons subi une pression policière brutale. Les forces de l’ordre n’ont pas compris que nous n’avions pas d’autre choix que de rester dehors », ajoute-t-il.

Le porte-parole entend mettre la mairie devant ses responsabilités : « Nous ne comprenons pas comment, dans la ville de Barcelone, nous puissions nous retrouver sans toit, alors que 13 000 appartements sont vides et des centaines d’hôtels ont été contraints de fermer en raison de la crise sanitaire. Nous ne parlons pas d’occupation, nous évoquons des solutions, que ces appartements puissent bénéficier d’un accès social », se désole-t-il. Et Albert Gros de rappeler que les administrations ont, par exemple, été capables de réquisitionner des hôtels pour les convertir en chambres d’hospitalisation, afin de pallier la saturation des structures de santé.

Des profils de plus en plus jeunes à la rue

Les autorités locales ne peuvent pas feindre de découvrir l’ampleur du problème, tant le nombre de SDF avait déjà explosé avant même le début de l’épidémie. Une opération de recensement menée par la mairie avait ainsi relevé une hausse vertigineuse de 72 % du nombre de sans-abri en une décennie, passant de 1 429 en 2008 à 2 452 en 2018. Et ces statistiques ne prennent pas en compte ceux qui n’ont pas accès à un logement digne à Barcelone, réputée pour ses loyers hors de prix. Oubliés également les travailleurs migrants qui s’entassent dans des camps de fortune en périphérie de la ville.

La même étude dressait le profil de la population des SDF, en grande majorité des hommes âgés de 30 à 66 ans, avec une forte augmentation des étrangers issus de l’Union européenne, Roumains en tête, suivis par les Polonais, les Italiens, les Bulgares et les Français. Les statistiques de la mairie notaient également la fragilité des moins de 30 ans (132 jeunes sans-abri en 2016, contre 295 en 2018), et leur exposition grandissante à la précarité liée à l’effondrement économique du pays et aux mesures d’austérité.

… et d’ailleurs

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