Le personnel travaillant au contact de demandeurs d’asile ou de mineurs isolés peut se trouver confronté à des problématiques liées à la santé mentale des individus qu’ils accompagnent. « C’est très rare que l’on rencontre des gens en crise. Mais de plus en plus de personnes présentent des troubles psychiques », note Maud Jan, cheffe de service d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) à Nantes, géré par Coallia. Les responsables de l’unité territoriale (UT) dont elle dépend (regroupant l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Morbihan) ont constaté les mêmes remontées de la part des professionnels de terrain : « On a senti un réel besoin d’accompagnement et de formation sur ce sujet », souligne Aurélien Favrais, chef de projet auprès du directeur de l’UT.
Par l’intermédiaire de la mairie de Rennes, la direction a appris que des formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM) existaient sur son territoire. Né en Australie, ce programme est piloté et déployé dans l’Hexagone depuis deux ans par l’association PSSM France. Son objectif est d’apporter une aide efficace à quelqu’un qui présente des difficultés psychiques en délivrant des clés de lecture pour les repérer, savoir réagir et orienter la personne vers les professionnels adéquats si nécessaire. « Cela permet également de moins stigmatiser les personnes qui en souffrent », complète Nathalie Girard, formatrice PSSM. A l’échelle de son unité territoriale, Aurélien Favrais a donc mis en place un plan de formation « ouvert à tous les professionnels de Coallia en contact direct avec le public ». Lancé en 2020 avec une cinquantaine de salariés formés, il se poursuit cette année avec six sessions planifiées.
En février dernier, 12 salariées de l’association se sont retrouvées à Rennes pour une session de formation. Maud Jan y participait, avec l’espoir « d’avoir une vision globale sur l’ensemble des troubles en santé mentale », mais aussi d’y apprendre « un process d’intervention » comme il en existe dans les gestes de premiers secours physiques. Pendant deux jours, les stagiaires ont travaillé à l’aide de vidéos, de mises en scène et d’échanges. Troubles dépressifs, anxieux, psychotiques et problèmes liés à l’usage de substances ont été abordés. Le plan d’action du PSSM, répété également très régulièrement, se décline sous l’acronyme Aérer (approcher, écouter, réconforter, encourager, renseigner). « Quelle que soit la situation, on agit dans cet ordre, précise Nathalie Girard, qui assurait la formation à Rennes. Cela permet de dire à la personne qu’il y a des solutions et que, si elle le souhaite, on peut les chercher ensemble. »
Depuis la mise en place de ces sessions, Laurent Denouel, directeur de l’UT, a des retours positifs car « la formation est assez pratico-pratique, plutôt dans l’opérationnel ». En plus du développement des compétences individuelles, il insiste sur la dimension collective de la démarche : « Cela permet de créer des références partagées au sein de nos équipes. Si tous les salariés sont formés sur une même pratique, ensuite les comportements seront cohérents. »
(1) Association nationale qui œuvre en particulier dans le champ de l’hébergement social et de l’accompagnement des personnes fragiles.