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Légende bretonne

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C’est une petite cité de caractère. Un joli bourg en campagne, comptant près de 7 000 habitants. On y vit à l’écart du tumulte de la capitale bretonne, mais on peut très vite s’y rendre en train. La mer n’est pas très loin, elle ne l’est jamais quand on vit en Bretagne, et la forêt de Brocéliande est toute proche.

Une très ancienne légende locale raconte qu’une jeune fille d’une beauté sans pareille aurait été enfermée dans le château par le seigneur de Montfort, lequel avait des intentions pas très catholiques à son égard. Elle pria alors saint Nicolas pour qu’il puisse la sauver, et ce dernier, ayant entendu sa prière, transforma la jeune fille en cane. Pourquoi en cane, et pourquoi pas en une gracieuse colombe ou un délicat papillon ? Nul ne le sait, mais la jeune fille ainsi pourvue d’une apparence aviaire prit ses ailes à son cou et put s’échapper du château sous le regard courroucé du seigneur à qui il ne restait que sa main pour pleurer.

Par la suite, et pendant plusieurs siècles, une cane sauvage venait tous les ans, aux environs de la Saint-Nicolas, dans l’église et y déposait un de ses canetons en offrande au thaumaturge. Quelques édifices et commerces font référence à cette pittoresque histoire, et tout bon touriste qui se respecte ne saurait repartir sans le souvenir précieux de la cane miraculée.

Dans cette charmante petite cité de caractère, un esprit optimiste aimerait croire que toutes les conditions sont réunies pour une vie heureuse : un bourg accueillant, un environnement agréable, des commerces et des services de santé, et tout ce qu’il faut pour que les enfants puissent grandir et s’amuser en toute quiétude. Les activités ne manquent pas pour occuper toute la famille, de l’art floral à l’orchestre symphonique, et les citoyens les plus vulnérables ne sont pas en reste puisqu’en plus de la très sainte protection des femmes en détresse, le charmant bourg dispose d’un IME, d’un Ehpad et d’un centre hospitalier.

Peut-être s’est-elle dit tout cela, cette jeune femme récemment séparée d’un conjoint violent, quand elle s’est installée dans cette petite cité de caractère ? Peut-être s’est-elle imaginée vivre ici paisiblement, avec ses quatre enfants qui, entre l’école et le lycée, pourraient s’adonner aux joies du tir à l’arc, du roller artistique et de la sculpture ? Peut-être a-t-elle subrepticement pensé à s’inscrire, pourquoi pas, au club de tricot ou à celui de randonnée ?

Peut-être même, rêvons un peu, qu’à défaut d’être protégée par la police qui avait classé sans suite sa plainte pour violences conjugales, elle pourrait l’être par ce bon saint Nicolas qui transformait les femmes en détresse en gracieux volatiles s’échappant gaiement des mains de leurs agresseurs ? Peut-être…

Mais les jolies légendes bretonnes, aussi merveilleuses soient-elles, n’en restent pas moins des fables. Dans la forêt de Brocéliande, la fée Morgane est introuvable et le tombeau de Merlin n’est qu’un banal piège à touristes.

Et à Montfort-sur-Meu, petite cité de caractère, aucun saint n’a su protéger Magali Blandin des coups meurtriers de son mari.

En Bretagne comme ailleurs, il y a ceux qui tuent et celles qui meurent. Il y a la vie dans les cieux et la mort dans les bois, les oiseaux libres et les femmes ensevelies.

La minute de Flo

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