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Réinsertion professionnelle : un numéro d’équilibriste

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Trouver ou retrouver un emploi lorsqu’on vit avec une dépendance suppose de soigner l’addiction et, simultanément, de se plier aux normes du monde professionnel. Un exercice délicat pour les personnes, mais aussi pour les travailleurs sociaux qui les accompagnent.

Lorsqu’à l’addiction s’ajoute l’exclusion professionnelle, la précarité n’est jamais loin. Les travailleurs sociaux qui accompagnent ces personnes en situation de dépendance dans un retour à l’emploi doivent d’abord les remobiliser, les accompagner dans leur parcours de soins tout en les préparant à une reprise professionnelle et en leur redonnant confiance en leurs capacités. Il faut ensuite les raccrocher à un début de reprise professionnelle par le biais des dispositifs d’insertion par l’activité économique. Et, aussi, gérer les débordements : « Une addiction peut créer des situations complexes, avec des comportements agressifs ou apathiques, des excès de violences et de nervosité, explique Clotilde Hoppe, chargée de mission à la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) Ile-de-France. Il est primordial de former les encadrants professionnels pour qu’ils sachent comment réagir. »

« position de vigie »

A commencer par ceux qui œuvrent dans une des 3 800 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) conventionnées par l’Etat qui employaient en 2018 plus de 130 000 salariés, selon les chiffres du ministère du Travail. Destinées aux personnes n’ayant pas travaillé depuis longtemps, elles constituent un passage quasiment obligé pour ces publics marginalisés qui tentent de renouer avec l’emploi. Grâce au soutien de l’Etat dont elles bénéficient, elles ne sont pas soumises aux mêmes impératifs économiques que les entreprises de droit commun et assurent donc une plus grande flexibilité à leurs salariés.

William Falxa est responsable des Chantiers du fleuve, chantiers d’insertion gérés par l’association bordelaise CEID Addictions (Comité d’étude et d’information sur la drogue et les addictions). Il travaille en étroite collaboration avec la communauté thérapeutique de Barsac (Gironde), qui prend en charge des personnes en situation d’addiction : « Nous œuvrons sur des modalités de parcours pour concilier le soin et l’activité professionnelle, détaille-t-il, notamment en diminuant le temps de travail pour que ces personnes conservent du temps pour leur suivi thérapeutique. » Etablir une relation de confiance, réagir rapidement et de manière adéquate si un salarié est sous emprise sur son lieu de travail, et préparer les personnes à un retour à l’emploi au sortir du chantier d’insertion, dont la durée est limitée à deux ans : « Nous avons une position de vigie, ajoute William Falxa. On essaie de leur apprendre à se refermer un peu, afin qu’ils ne déballent pas tous leurs problèmes à leurs futurs employeurs. Mais nous effectuons aussi souvent un travail de deuil de leur ancien métier. Après avoir consommé des substances pendant des années, les gens ne sont en général plus aptes à assurer les mêmes tâches qu’avant. Il faut les amener à comprendre cela tout en les accompagnant dans leur réorientation. »

Casser les représentations

Souvent, après la phase de l’insertion, le chemin devient encore plus ardu lorsqu’il faut regagner le monde de l’entreprise de droit commun : la stigmatisation qui colle à l’image du chercheur d’emploi précaire soumis à une addiction est puissante. Pour Christophe Rimbaud, chef de service de la communauté thérapeutique de Barsac, il est essentiel de déconstruire cette image : « On se représente souvent les consommateurs de drogues comme des junkies irresponsables. Il faut expliquer que l’usage de drogues est soit derrière eux, soit compatible avec une vie professionnelle. On essaie de casser les représentations des collègues et des futurs employeurs en mettant en avant le fait que le produit qui est consommé n’est pas tant le problème que la dynamique dans laquelle se trouvait la personne au moment où elle consommait. » Les encadrants sont ainsi amenés à accompagner les personnes qu’ils suivent à leurs rendez-vous chez Pôle emploi afin de s’assurer que leur conseiller soit averti des problématiques spécifiques qui les concernent et puisse leur proposer un emploi adapté. Dans les SIAE, « les encadrants techniques sont les meilleurs ambassadeurs des personnes en insertion, affirme Clotilde Hoppe. Ils savent comment la personne travaille et, surtout, maîtrisent le langage de l’employeur. Ils peuvent alors rassurer l’entreprise sur les capacités de la personne. »

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