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Logement : un manque de structures adaptées

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Permettre aux personnes victimes d’addictions de se soigner nécessite d’avoir accès à un logement stable. Une offre presque inexistante dans les dispositifs traditionnels.

Avant même de parler de logement, souffrir d’addiction, c’est risquer d’être exclu de l’accès à un simple abri. « Un nombre grandissant de personnes accompagnées par le secteur addictologie restent sans solution d’hébergement », constataient en 2019 la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et la Fédération Addiction. La consommation de substances psychoactives n’est pas toujours tolérée au sein des hébergements. Face à cette stigmatisation, les structures proposant un cadre spécifique sont très demandées. « Nous avons de plus en plus de candidatures. Ces personnes qui sont dans une situation instable ou déjà en rupture d’hébergement ne cherchent pas seulement un logement mais aussi un accompagnement », explique Dominique Zavagli, éducatrice spécialisée et coordinatrice chez Addictions Méditerranée, qui dispose à Marseille de huit appartements thérapeutiques individuels dans lesquels il est possible d’habiter pendant deux ans.

Etre logé et suivi par des spécialistes de l’addiction permet en effet de traiter sans tabou le sujet des consommations. « Nous créons un lien de confiance qui permet aux personnes de se sentir suffisamment libres pour parler de leurs consommations. Soit on les accompagne vers du sevrage à l’hôpital tout en maintenant leur accès à l’appartement, soit on met en place une gestion de leur consommation dans le sens d’une réduction des risques », détaille-t-elle. Pour Xavier Lebon, responsable d’une résidence accueil gérée par l’UDSM (Union pour la défense de la santé mentale) à Vincennes (Val-de-Marne), « la proximité des lieux de soins en addictologie » constitue un élément central pour permettre une prise en charge adéquate. Et de souhaiter, aussi, un développement de l’offre : « Il faudrait que le logement et l’accompagnement correspondent au niveau de soin dont la personne a besoin, de l’institution au logement autonome. » Pour éviter l’isolement en étant logé dans le diffus, il appelle à l’essor du logement accompagné ainsi qu’aux interventions hors les murs pour plus de souplesse.

Au-delà de l’accompagnement, les personnes victimes d’addictions se heurtent aux fortes tensions qui existent aujourd’hui dans l’accès au logement, source d’instabilité. « Le système du Dalo [droit au logement opposable] est engorgé à Marseille, si bien qu’on dépasse le temps maximal d’hébergement dans nos appartements. Avant, on arrivait à travailler avec le privé, mais aujourd’hui trop de garanties sont exigées : trois fois le loyer, ce n’est pas accessible aux personnes que nous accompagnons », pointe Dominique Zavagli, d’Addictions Méditerranée. Autre difficulté : « La plupart des propositions se situent dans les quartiers nord de Marseille, où les transports et les structures de soins sont moins présents », relève l’éducatrice, également attentive à ce que le lieu d’habitation ne soit pas propice à une reprise des consommations.

Sécuriser les bailleurs

Alors que la part des personnes victimes d’addictions est élevée parmi les sans-abri, le plan gouvernemental pour le « Logement d’abord » offre des perspectives. Pour l’Association pour la solidarité active du Pas-de-Calais (Apsa 62), le plan a permis de renforcer l’accompagnement des personnes accédant à des logements dans le parc social. « L’équipe pluridisciplinaire intervient plusieurs fois par semaine, alors que, dans l’aide à la médiation locative classique, le rythme est d’une ou deux interventions par mois », souligne Quentin Le Matt, coordinateur « Logement d’abord » au sein de la structure, qui collabore avec les structures spécialisées en ce qui concerne l’addictologie. Au-delà des bénéfices pour les personnes concernées, « ces accompagnements sécurisent les bailleurs ».

Par crainte des nuisances ou des dégradations, les bailleurs sociaux comme privés peuvent en effet se montrer frileux. La capacité à payer le loyer est questionnée. Le glissement du bail – de l’association qui sous-loue vers le locataire en direct – peut poser problème. « On sait que l’accès au logement des personnes repérées comme consommatrices est plus complexe », confirme Pascale Estecahandy, coordinatrice du programme « Un chez soi d’abord » à la Dihal (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement). Ciblé sur les sans-abri les plus en difficulté, ce programme a pourtant permis de reloger sans incidents majeurs, à ce jour, près de 1 100 personnes, à 80 % dans le parc privé. De quoi contribuer à modifier les représentations négatives autour de ces publics.

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