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Les histoires d’amour finissent mal… en général

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J’ai failli y croire. La belle histoire de conte de fées, la rencontre improbable entre le jeune tocard un peu loubard et la bonne fée fatiguée. Une vieille demeure, perdue au fin fond d’une ruelle endormie, abritant deux destins esseulés qui ne forment plus qu’une destinée, le sourire retrouvé et l’espoir qui renaît… C’était trop beau pour être vrai.

J’avais juste oublié un détail. Et quel détail ! La bonne fée a un fils, et il n’a pas franchement l’intention de se faire voler le rôle principal, celui du prince charmant accourant sur son cheval blanc pour sauver la pauvresse en détresse.

Alors voilà. fin de l’histoire. Georges est mort, Florimonde est veuve, et le fils prodigue est de retour.

Il s’occupe de tout, le prince pas très charmant : il faut préparer les obsèques, où quand comment avec qui qu’est-ce qu’on chante et quel costume on met, trier les papiers, ranger les affaires, et faire place nette pour la vie d’après. Leurs vies, pas la mienne.

Il est ici, et là, et là-bas aussi, partout où mon regard se porte, dans chaque pièce et derrière chaque porte. Il ouvre les tiroirs, en exhume chaque papier, chaque facture, c’est quoi ce devis, à qui est cette ordonnance, de qui est ce courrier ? Il inspecte les placards, compte et recompte les bibelots, les tableaux, les livres, les meubles. Il fait l’inventaire de son futur héritage, sa maison, ses meubles, son argent et sa mère.

La maison est tout emplie de lui, de sa présence, de sa prestance, de ses yeux qui scrutent et de ses mains qui fouillent chaque recoin. La maison est pleine de lui et vide de nous. Florimonde se tait et je me fais discret. Elle disparaît dans sa chambre et je me réfugie dans le jardin. Une dernière fois, me croire encore un peu à l’abri, m’inventer une nouvelle vie, y croire encore un peu. Une dernière fois.

Mon nom n’est plus sur la boîte aux lettres. Je dois partir, aujourd’hui ou demain, partir vite, et ne pas revenir, il y veillera. Prendre mes cliques, mes claques et mon fric, et quitter la baraque. Le prince prend ses grands airs et m’assène de grands mots, je ne suis qu’un parasite, un profiteur, un bon à rien. Un de trop.

Je n’ai pas la force de protester. A quoi bon ? C’est lui, le prince, l’héritier, et je ne suis que le manant, l’illégitime. Je me prenais pour le héros d’un conte de fées, je n’en étais qu’un obscur figurant, à peine passé, déjà oublié. Florimonde ne peut plus rien pour moi, elle s’est emmurée vivante dans le chagrin et nul chevalier n’est venu à bout de la forteresse de sa douleur. La bonne fée fatiguée et le tocard un peu loubard ne sont plus les héros de l’histoire. Le prince est arrivé et le royaume lui appartient désormais.

Retour à la case départ. Demain je serai à la rue. Loin de Florimonde, très loin de son regard bienveillant, trop loin de cette parenthèse enchantée, trouvée par hasard et perdue par mégarde.

Demain je serai seul. Comme avant. Comme toujours.

Demain, il faudra tout oublier… et tout recommencer.

La minute de Flo

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