La parentalité en question

Recomposées, séparées, monoparentales, homoparentales… Comment parler des familles aujourd’hui ? Comment travailler avec elles quand les liens et la parentalité prennent de nouveaux visages ? C’est le thème central du n° 148 de la revue Vie sociale et traitements (VST). Un sujet majeur pour les professionnels confrontés également aux parents en difficulté, en situation de handicap, aux fratries et aux aidants. Car si certaines institutions ne donnent toujours pas la parole aux proches des personnes accompagnées, d’autres, en revanche, n’imaginent plus faire autrement. Mais les échanges peuvent inquiéter et cliver : « Quand une famille se plaint, on est convoqué et c’est toujours elle qui a raison », relate un professionnel. Pourtant, « quand d’emblée on travaille avec la famille, à son rythme à elle, dans la collaboration, le partage, nous sommes confrontés à bien moins de déceptions ! », écrivent Rozenn Caris, rédactrice en chef de la revue, et Carine Maraquin, psychologue. Il faut juste accepter que cela prenne du temps. Beaucoup d’exemples jalonnent le dossier. L’histoire d’une petite fille tuée par sa mère psychotique pendant le premier confinement, qui soulève la question des enfants, grands oubliés du système de soins en psychiatrie ambulatoire adulte. Or ces jeunes « aidants » délaissés sont parfois en danger, faute de pouvoir mettre en œuvre des mécanismes de défense pour se protéger. Autre interrogation, sur les enfants nés grâce à un don de gamètes ou à une mère porteuse : font-ils ou non partie de la famille ? Attention à ne pas tomber dans le « parentalisme », prévient le sociologue Gérard Neyrand, qui désigne ainsi le centrage excessif des politiques familiales sur les parents. Psycho­sociologue et bénévole à APF France handicap, Chantal Bruno invite à « sortir l’aide du champ du naturel et de l’amour » et propose aux parents dont les enfants sont en situation de handicap et aux professionnels de partager leurs expériences. Un partenariat qui exige que les professionnels acceptent de recevoir les émotions des parents et que ceux-ci soient clairement informés, soutenus et rassurés.