Adrien Taquet a accordé un entretien exclusif aux ASH. Le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles revient sur la réforme de la gouvernance de l’aide sociale à l’enfance (ASE) dont le texte sera présenté avant l’été. Il précise que « l’idée n’est évidemment pas de recentraliser cette compétence », mais de mieux travailler avec les départements sur le modèle de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Sur l’inceste, il dénonce le « patriarcat et une conception patrimoniale de l’enfant » et rappelle la création de 100 unités d’accueil pédiatriques enfants en danger d’ici 2022, « l’évolution de la loi pénale avec un seuil de non-consentement à 15 ans », la nécessité de sensibiliser les professionnels au repérage des violences sexuelles sur les enfants et de rompre leur « isolement face à ces situations complexes ». Pour les travailleurs sociaux, l’ordre du jour est d’inclure ces sujets dans leur formation initiale. L’aide financière de 500 € par mois accordée aux jeunes ne remplacera pas le contrat jeune majeur pour les jeunes sortant de l’ASE, affirme le secrétaire d’Etat, qui revient sur la nécessaire refonte des centres de PMI et sa volonté de créer « un registre national » des assistants familiaux et de « moderniser » leur statut.
Moins d’enfants décédés à la suite de violences intrafamiliales en 2019. Tel est le constat du rapport annuel de l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) sans pour autant « en conclure à une tendance ». Il note, par ailleurs, une augmentation du nombre de jeunes majeurs suivis par l’ASE (+ 15 % par rapport à 2018). Un phénomène lié à la hausse du nombre de mineurs non accompagnés ayant atteint leur majorité ainsi qu’aux effets de la loi du 14 mars de 2016 réformant la protection de l’enfant, et à la « mobilisation des acteurs sur la sortie des dispositifs de protection de l’enfance ». Les pupilles de l’Etat ont également bondi de 6 % (+ 44 % depuis 2008), conséquence, là encore, de la loi de 2016, ayant transformé, entre autres, l’ancien dispositif de déclaration judiciaire d’abandon en une déclaration judiciaire de délaissement parental.
La formation des étudiants aux professions du secteur médico-social supprimée dans un établissement parisien. Contre toute attente, trois écoles de travail social du lycée public François-Rabelais à Paris, préparant aux diplômes d’Etat d’assistant de service social, d’infirmier, d’infirmière puéricultrice et d’auxiliaire de puériculture, ont fermé fin février. En cause, le désengagement financier de l’Education nationale, alors que plus de 200 étudiants étaient inscrits chaque année. La région Ile-de-France indique aux ASH être très surprise par cette décision : « Nous n’avons pas été concertés alors que, pour notre part, nous nous sommes engagés à créer des places supplémentaires et que nous sommes en train de trouver des locaux pour héberger ces étudiants. Nous souhaitons évidemment permettre la continuité de ces formations […]. Nous demandons au ministère de l’Education nationale d’assurer le maintien de ces écoles une ou deux années supplémentaires. C’est le temps nécessaire pour que l’on puisse s’organiser. » Un collectif des trois écoles s’est constitué et a lancé une pétition.
L’allocation journalière de proche aidant (AJPA) peine à s’imposer. Alors que l’AJPA est mise en œuvre depuis le 1er octobre 2020, seules 9 692 demandes ont été traitées par les caisses d’allocations familiales dont seulement 1 700 ont abouti à une indemnisation. Un chiffre étonnamment bas au regard des 11 millions d’aidants que compte la France. En cause, le manque d’information, mais aussi les critères d’attribution trop drastiques. Ainsi, le proche aidant ne doit pas être rémunéré par la personne aidée au moyen de son allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou de sa prestation de compensation du handicap (PCH). Une condition qui a conduit la Cnaf à refuser beaucoup de demandes. « Cette allocation ne concerne finalement pas grand-monde […], regrette Brigitte Patin, porte-parole de la Fédération nationale des aidants et accueillants familiaux (Fnaaf). Que fait-on par exemple de ceux qui ont dû arrêter toute activité professionnelle pour s’occuper de leur proche ? […] Ils ne bénéficient parfois d’aucune aide financière. Cette allocation est certes une avancée mais elle est incomplète et discriminatoire. » Le montant de l’allocation, 52,08 € net par jour pour une personne seule, versée dans la limite de 66 jours, est également pointé : « Avec cette indemnité, l’aidant ne peut plus assumer d’autres charges. Par conséquent, il ne va la demander qu’en dernier recours », observe Claudie Kulak, présidente du collectif Je t’Aide.
Les droits fondamentaux des mineurs enfermés ne sont pas respectés. Publié le 3 mars aux éditions Dalloz, le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté est sans appel. Non seulement l’entrée en détention des mineurs est calquée sur celle des adultes, à l’exception des centres éducatifs fermés, mais « l’enfermement des enfants doit être remis en question car il constitue une atteinte à leur intégrité psychique, quel que soit leur âge […] », relève le rapport, qui dénonce, par ailleurs, l’inadaptation des locaux, la promiscuité entre les mineurs et les détenus adultes, le manque de formation du personnel à cette population, la rareté des activités…