Décider eux-mêmes des professionnels qui accompagneront leurs gestes au quotidien. C’est ce qu’offre la maison d’accueil spécialisée (MAS) Le Hameau à ses 36 résidents en internat et cinq en accueil de jour.
L’idée de transformer des personnes accompagnées en recruteurs est née d’un voyage apprenant en Suède. A son retour, la directrice de l’époque a mis en place la démarche et Ludovic Boidin, installé à la MAS depuis 18 ans, a compté parmi les huit volontaires : « Je me suis impliqué pour qu’on recrute des personnes sérieuses qui s’occupent bien de nous, qui respectent nos envies. » Et du côté des professionnels, la démarche semble bien perçue. « Ils nous disent souvent que la relation de confiance s’établit plus facilement », confie Séverine Deveugle, adjointe de direction, récemment recrutée par les résidents. Tous deux s’accordent à dire que le regard des recruteurs et celui de la direction se complètent. « On perçoit dans l’attitude de la personne la posture qu’elle adoptera. On prête aussi attention à la façon dont elle parle », explique Ludovic Boidin, rejoint par Séverine Deveugle qui ajoute avoir souvent trouvé les résidents « bien plus observateurs et surprenants dans les retours qu’ils peuvent lui faire ».
Pour autant, la MAS ne compte pas sur la seule intuition de ces recruteurs. Elle les a aussi formés. « Nous avons sollicité un cabinet de conseil. Une formation était indispensable pour que notre démarche soit crédible, explique Séverine Deveugle. Elle s’est déroulée en plusieurs séances, car il a fallu s’adapter aux capacités de concentration des personnes. » Les professionnels ont eux aussi été formés, à la préparation des entretiens avec les recruteurs, tant pour être leur « interface de communication » pour ceux qui ne peuvent parler et recourent à des aides techniques pour s’exprimer, que pour le travail en amont de présentation aux résidents de la sélection des curriculums vitæ retenus.
Tous les candidats sont reçus par les recruteurs, généralement par groupe de quatre, mais aussi par la direction. Directrice, aides-médico-psychologiques, infirmiers de jour et de nuit, directrice régionale du Gapas…, une quinzaine de CDI et de nombreux CDD ont déjà été ainsi signés.
En cas de désaccord – et ils sont rares –, c’est le choix de la direction qui s’impose mais toujours avec des explications. Ainsi, raconte Séverine Deveugle, lorsque, sur deux profils, la direction a retenu celui qui était diplômé, elle a accompagné l’autre candidat, qui avait été choisi par les résidents, dans une démarche de validation des acquis de l’expérience. « Avec le temps, une forme de complicité s’installe entre nous. On se comprend avec un simple échange de regard, commente Séverine Deveugle. On est à égalité, sur ce temps de recrutement. »
De prochaines étapes s’annoncent : l’évaluation de la période d’essai par ces mêmes résidents et une réflexion leur possible rémunération pour des interventions extérieures. En effet, d’autres structures commencent à nous solliciter, pour un partage d’expérience.