Une prime jugée inadaptée. 1 000 euros, c’est le montant de la nouvelle aide versée par Action Logement aux jeunes actifs pour leur installation. Quatre critères d’éligibilité ont été établis : être âgé de moins de 25 ans, disposer d’un bail locatif, percevoir un salaire mensuel brut compris entre 467et 1 711 euros et être salarié depuis moins de dix-huit mois.
Alors qu’une enveloppe de 30 millions d’euros est allouée au nouveau service, la question se pose de savoir s’il s’agit là d’une compensation aux conséquences restrictives de la réforme des aides personnalisées au logement (APL), en vigueur depuis le 1er janvier 2021.Car, début janvier, le cabinet de la ministre déléguée au logement, indiquait aux ASH être conscient, que, pour les jeunes, l’APL constituait coup de pouce à l’installation et que le ministère réfléchissait à un moyen de les aider.
L’organisme Action Logement indique, lui, que cette aide ne compensera que partiellement les conséquences de cette décision qui ne lui appartient pas. Pour sa part, Manuel Domergue, directeur des études de la fondation Abbé-Pierre, admet que cette prime est la bienvenue au regard des frais engagés pour la location d’un premier logement. Mais il reste sceptique quant à son déploiement. « Ça ne risque pas de pallier les 700 millions d’euros de coupe engendrés par la réforme des APL. De plus, les critères d’éligibilité et les preuves à fournir interrogent. Personne ne maîtrise le nombre de personnes qui vont bénéficier du dispositif. » Autre interrogation : dans un contexte épidémique où de nombreux jeunes n’ont ni emploi ni logement, la nouvelle prestation s’adresse à ceux qui bénéficient déjà des deux. « Il est commun de proposer des primes à la marge du système. Nous savons qu’il s’agit de communication alors qu’il faudrait augmenter et élargir les prestations existantes. Il ne s’agit pas là d’un système de protection sociale adapté », assure Manuel Domergue.
Maltraitance des personnes âgées et handicapées : des appels en hausse de 6 %. Alors que le rapport 2020 de la Fédération 3977, plateforme téléphonique d’alerte sur les risques de maltraitance envers ces publics, est attendu pour mi-mars, son président, Pierre Czernichow, révèle aux ASH que le dispositif « a constaté une hausse de 6 % des situations permettant d’ouvrir un dossier pour maltraitance ». En 2019, le dispositif avait reçu plus de 25 000 appels et ouvert plus de 6 800 dossiers. « L’année 2020 est très contrastée. Il y a eu une hausse du nombre d’appels pour les situations de maltraitance à domicile et une baisse pour celles en établissement, détaille-t-il. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a eu moins de violences en institution. Tout se passe comme si l’épidémie avait provoqué une sorte de mise sous cloche de ces situations en établissement. » Une explication est que, en raison du confinement, les familles n’ont pas pu se rendre dans les structures et n’ont donc pas constaté d’éventuels mauvais traitements. Pourtant, les alertes sur les résidents enfermés dans leur chambre ont été nombreuses. « Il est possible que ces situations, des faits incontestables de maltraitance, n’ont pas été interprétées comme telles mais plutôt comme des effets collatéraux de la crise sanitaire », explique Pierre Czernichow. Au domicile, la liberté de circulation offre habituellement des moments de soupape en cas de crise. Or, avec le confinement ou le couvre-feu, les possibilités de sorties diminuent. La tension est donc permanente. « Les ingrédients sont là, la marmite explose », pointe Pierre Czernichow. Autre hypothèse : « Pour nous, un grand classique, c’est quand un fils ou une fille, en difficulté sociale, retourne vivre chez ses parents âgés. Cette cohabitation forcée est un terreau pour générer de la maltraitance. En raison du contexte social, ces situations sont plus fréquentes. »