C’est un redressement judiciaire, à la fin des années 2000, qui lui a imposé une profonde remise en cause de son fonctionnement. Aujourd’hui, l’ADT 44, association Aide à domicile pour tous de Loire-Atlantique, est un modèle de réussite. Son premier levier d’action : la formation de ses quelque 500 salariés. « Il y a douze ans, quand on passait en revue les accidents du travail, on constatait qu’ils étaient liés au manque de formation et d’expérience des salariés, se rappelle son directeur général Geoffroy Verdier. On a donc mis en place un cycle de formation et d’intégration. Tout le monde passe dans les six premiers mois de son arrivée par l’adaptation au poste. » Une manière d’appréhender au plus près la réalité de l’intervention à domicile. Et cela commence par avoir les bons réflexes en matière de gestes et de postures. Mais aussi par savoir s’exprimer lorsque le logement nécessite des adaptations. « Si on n’arrive pas à entrer en contact avec la personne aidée, tout va être compliquée, la personne va refuser le protocole et le salarié se mettra en danger. » Régulièrement, les salariés reçoivent un programme de l’ensemble des formations proposées et se positionnent en fonction de leurs besoins, en lien avec les responsables de secteur. Des formations spécifiques permettent d’intervenir auprès de bénéficiaires atteints de troubles du comportement et potentiellement agressifs. Bien sûr, la logistique demeure complexe à mettre en place. Remplacer les salariés le temps de la formation a un coût. « Mais ce n’est pas une charge, c’est un investissement », insiste le directeur qui pointe le coût des accidents du travail.
Réduire les risques, c’est aussi améliorer le bien-être au travail. « Quand on a le sourire, on chute moins », poursuit-il. Depuis 2017, l’ADT 44 a lancé « Libérons nos énergies », un projet inspiré du modèle Buurtzorg de l’entreprise libérée. « On laisse nos salariés, équipés d’un smartphone, gérer leur planning. Et ça marche ! D’une manière générale, les salariés parviennent à faire dans la dentelle quand, nous, on ne sait pas faire. Or un planning qui pose problème, c’est un salarié en colère, fatigué. » Résultat : le nombre de kilomètres effectués a diminué. Selon une enquête réalisée en interne, 8 salariés sur 10 estiment avoir suffisamment de temps pour réaliser correctement leur travail. Et se félicitent d’avoir retrouvé un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Reste un point sensible : la rémunération. 7 salariés sur 10 considèrent que leur salaire est insuffisant compte tenu du travail fourni…