Faire du sport un moyen de remobilisation. C’est le pari que tentent de relever depuis septembre le club sportif Bourg-de-Péage Drôme Handball (BPDH), le groupe d’économie sociale et solidaire Archer et la plateforme emploi de l’agglomération Valence-Romans avec le dispositif « Starting-Blocks ». Développé dans le cadre de l’appel à projets du plan d’investissement dans les compétences, ce programme propose aux Drômois éloignés de l’emploi cinq semaines d’accompagnement mêlant ateliers sportifs et professionnels. « L’idée est de former des groupes de 25 à 30 personnes au sein desquels nous créons une dynamique individuelle et collective », explique Christophe Chevalier, directeur d’Archer. Pour cela, le public participe à des défis sportifs, à des courses d’orientation, à la création d’une start-up éphémère, ou encore à des « matchs croisés » avec des chefs d’entreprise. Le lien avec les acteurs économiques du territoire constitue d’ailleurs toute la spécificité du programme, selon Christophe Chevalier. « La plateforme emploi, Pôle emploi et les missions locales sont des partenaires habituels de ce genre de démarche. Cela fonctionne très bien, mais ce qui est particulier ici, c’est l’implication des entreprises de nos propres réseaux. » Le groupe Archer dispose en effet sur son siège d’un pôle territorial de coopération économique, tandis que le Bourg-de-Péage Drôme Handball, dont l’équipe évolue en Ligue féminine depuis la saison 2017-2018, compte environ 200 sponsors. De quoi nourrir un « climat propice à l’embauche ». « Après la fin de chaque session, nous continuons de suivre les personnes pendant six mois. Durant cette période, tous les mois nous faisons en sorte de ramener le groupe et des recruteurs sur le même terrain. Cela permet de garder un lien et d’agrandir le réseau », précise Anthony Grandclément, le directeur du BPDH.
Le programme est destiné en premier lieu aux personnes fortement éloignées de l’emploi qui ont déserté les organismes de soutien tels que les missions locales ou Pôle emploi. « Nous avons repéré pas mal de jeunes issus des quartiers défavorisés ou des zones rurales », rapporte Christophe Chevalier. Pour autant, pas question de garder « une focale unique », précise Anthony Grandclément. « Il est intéressant de réunir des profils variés. Le sport est quelque chose d’universel, ce qui nous permet de casser les niveaux sociaux et d’apporter de la mixité. Une personne de 50 ans, très diplômée, peut tout à fait se retrouver avec un jeune qui n’a pas encore intégré le monde du travail. Ils auront des manières différentes de réfléchir et pourront apprendre l’un de l’autre. »
Depuis les nouvelles restrictions sanitaires, le dispositif « Starting-Blocks » a fait basculer tous ses ateliers en visioconférence. « Nous n’avions que deux possibilités : tout arrêter ou faire au mieux, résume Christophe Chevalier. Contrairement à ce que nous avions craint, il n’y a pas tant de décrocheurs. Mais cela reste difficile. » Doté de plus de 3 millions d’euros, ce programme doit bénéficier à près de 500 personnes en trois ans. Le directeur du BPDH espère que l’initiative inspirera d’autres territoires car, il en est persuadé, chaque structure sportive, aussi petite soit-elle, peut avoir une utilité sociale. « Si tous les clubs travaillaient sur l’insertion, nous pourrions réduire de manière significative le chômage, assure-t-il. Sans compter que cela permet à chaque entité de se développer. Pour notre part, nous avons rencontré de nouvelles entreprises devenues des sponsors, nous avons mutualisé les postes, embauché… »