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Covid-19 : l’épidémie risque de multiplier le nombre d’excisions

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Covid-19 : l’épidémie risque de multiplier le nombre d’excisions

Crédit photo Étienne Cassagne
ONG et associations alertent sur le risque de deux millions de mutilations génitales féminines supplémentaires au cours de la prochaine décennie, principalement à cause de la pandémie mondiale.

Près de deux millions d’excisions supplémentaires risquent d’être perpétrées au cours de la prochaine décennie à cause de la Covid-19, alertent l’Unicef et le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap). Dans une déclaration conjointe rendue publique le 6 février, Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), les deux organisations détaillent les raisons d’une recrudescence d’un phénomène jusqu’ici en recul. Environ 200 millions de femmes dans le monde sont concernées, près de 3 millions de nouveaux cas chaque année, soit une excision toutes les dix secondes pour les filles de moins de 12 ans. « La Covid-19 oblige les écoles à fermer et perturbe les programmes qui contribuent à protéger les filles contre ces pratiques néfastes. Nous devons agir maintenant pour empêcher que cela ne se produise », déclarent Henrietta Fore, directrice générale de l’Unicef, et Natalia Kanem, directrice exécutive du Fnuap.

Programmes de prévention à l’arrêt

Un constat largement partagé par les associations qui luttent contre les MGF, à l’instar de Plan international, fondé en 1993. « Les filles en Somalie [98 % de taux d’excision, le plus élevé au monde, ndlr] subissent des mutilations génitales dans les rassemblements de groupe : les taux de pratiques nocives augmentent significativement en raison de la Covid-19. » Selon Sadia Allin, directrice de Plan international Somalie, les programmes de prévention et de sensibilisation sur les dangers de ces pratiques ont dû s’arrêter ou être réduits en raison du confinement.

La même logique est à l’œuvre au Sénégal (taux d’excision de 26 %, pratique pourtant illégale), où l’association française Vision du monde alerte sur le chiffre de 30 % d’augmentation des mariages d’enfants à cause de la pandémie, la mutilation sexuelle faisant partie d’un rite préparant à la cérémonie d’union. Intervenant sur France Info le 6 février dernier, la sociologue Isabelle Gillette-Faye, directrice générale de la Fédération nationale GAMS contre les violences spécifiques faites aux femmes, explique également comment « certaines exciseuses », touchées par la précarité provoquée par le coronavirus, « ont repris le couteau pour pouvoir gagner un peu d’argent alors qu’elles avaient abandonné la pratique ».

Pour lutter contre cette recrudescence annoncée, l’Unicef et le Fnuap appellent à l’unité : « Mettre fin aux MGF nécessite la collaboration d’un vaste groupe de parties prenantes. Il s’agit entre autres des décideurs mondiaux, régionaux, nationaux et locaux ; de la société civile, depuis les petites organisations non gouvernementales internationales ; des agents du changement comprenant aussi bien des enseignants et des agents de santé que les chefs religieux et les anciens des communautés locales ; ainsi que des autorités judiciaires et des responsables de l’application des lois. »

Car la législation demeure très en retard dans de nombreux pays du Sud, à l’instar du Mali où près de neuf femmes sur dix sont encore aujourd’hui concernées par cette pratique. Et c’est précisément au cœur de l’épidémie de coronavirus, au mois de décembre dernier, que quatre organisations de défense des droits des femmes(1) ont déposé une plainte contre l’Etat malien devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Elles misent désormais sur les pressions extérieures pour obliger le gouvernement à proscrire enfin l’excision malgré la signature et la ratification, par Bamako, de toutes les conventions internationales et africaines garantissant la protection des droits des femmes.

Notes

(1) Equality Now, l’Institute for Human Rights and Development in Africa, l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles et l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes.

…et d’ailleurs

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