Des chevaux de soins

Une balade à cheval avec un soignant pour explorer la confiance en soi, éprouver les impressions de balancement au pas cadencé, évaluer les couleurs et les lumières des saisons, entrer en relation avec l’animal, s’ouvrir au monde… On le sait, les animaux produisent des effets thérapeutiques désormais reconnus sur les personnes atteintes de troubles psychiques ou psychomoteurs. Ceux du cheval ont été théorisés au début des années 1970 grâce à une équipe de pionniers ayant mis en place un atelier « équitation » au centre hospitalier de Montfavet, à Avignon. Aujourd’hui, quatre professionnelles de cette unité de pédopsychiatrie font part de leurs pratiques et de leurs observations cliniques dans un livre très documenté. Elles convoquent aussi bien la psychanalyse que les thérapies cognitivo-comportementales, les neurosciences, les théories de l’attachement, la sophrologie, etc. Les enfants qu’elles accompagnent sont âgés de 4 à 18 ans et souffrent de phobies, de troubles du comportement, du spectre autistique, de dépression. Pas question, pour les auteures, de fournir un « mode d’emploi » clé en main d’une médiation équine, mais plutôt de transmettre leur expérience en démontrant, par exemple, comment des enfants maltraités ou victimes d’abus sexuels arrivent à réinvestir leur corps en se laissant aller avec le cheval « à des sensations sans culpabilité ni crainte d’intrusion ». Toucher l’animal, le caresser, le soigner… permet aussi aux enfants anxieux d’accueillir des émotions souvent refoulées. Avec l’odeur, les poils, le crottin, ils expérimentent une régression. La chaleur de l’animal les renvoie, quant à elle, à une dimension plus affective. « La balade est aussi un moment d’observation du langage non verbal, de la posture, du regard, des sons ou des mots. Tout cela nous donne un grand nombre d’indications sur l’état psychomoteur dans lequel se trouve l’enfant : est-il replié sur lui-même ? En hyper-extension ? Se tient-il droit ? Que font ses mains ? » Au retour d’une promenade, Adam, 9 ans, s’est écrié : « Je me sens vivant ! » Brigitte Bègue