« L’habitude est une chemise de fer. » Ce vieux proverbe tchèque ne saurait mieux décrire ce que la pandémie de Covid-19 nous inflige collectivement depuis presque un an. Car nous avons appris à vivre et à travailler avec les masques, la peur de la maladie, la réduction de notre liberté d’agir et de nous déplacer. Nous avons aussi, avec plus ou moins de réussite, tenté de dompter nos doutes et nos angoisses.
Alors que la déflagration économique subie par les plus faibles et les plus précaires n’a pas connu d’équivalent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les travailleurs sociaux et médico-sociaux s’adaptent et portent la voix des publics dont ils doivent prendre soin.
C’est ainsi que les professionnels du grand âge et du handicap réfléchissent avec finesse à la définition du meilleur compromis entre prudence sanitaire et accompagnement personnalisé.
C’est ainsi que les associations de lutte contre la précarité s’organisent pour distribuer en urgence une aide alimentaire devenue vitale, les demandes ayant augmenté de 45 % par rapport à l’hiver dernier.
C’est ainsi que les éducateurs spécialisés, les accompagnants d’élèves en situation de handicap, les éducatrices de jeunes enfants proposent, malgré les gestes-barrières, un cadre serein aux enfants et adolescents qu’ils sont chargés d’encadrer, de rassurer. Face aux variants anglais et sud-africains, un reconfinement semble inéluctable. Comme lors des deux premiers, les travailleurs et les travailleuses du social ne se déroberont pas.
S’ils ne sont que rarement cités comme des travailleurs de première ligne, ils n’en restent pas moins essentiels.
La reconnaissance de l’Etat à leur égard tarde décidément à se concrétiser. Mais la nôtre leur est acquise.