Le chantier de modernisation des Esat est lancé. Attendue de longue date, initialement prévue début 2020 et décalée en raison de la crise sanitaire, la refonte des établissements et services d’aide par le travail (Esat) est enfin amorcée. Dans une interview exclusive, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, détaille ses ambitions et annonce, en lien avec les propositions du rapport Igas d’octobre 2019, une concertation avec les parties prenantes sur la modernisation du modèle des Esat. En parallèle, un budget de 10 millions d’euros, pour soutenir les établissements qui rencontrent des difficultés économiques liées à la pandémie est sanctuarisé.
Pour en bénéficier, les Esat sont invités à faire connaître leur situation, sur la base d’un dossier qui leur a été adressé, auprès de leur agence régionale de santé de rattachement jusqu’au 12 février 2021.
D’ici le prochain Comité interministériel du handicap programmé en juillet, la secrétaire d’Etat ne prétend pas avoir bouclé la réforme, mais elle entend avoir déjà apporté des réponses aux usagers : leur éviter de devoir repasser devant la maison départementale des personnes handicapées à l’occasion d’une embauche en milieu ordinaire, leur accorder le bénéfice d’une mutuelle ou de l’intéressement lorsqu’il existe dans l’Esat.
Du nouveau à la tête de la commission sur l’inceste. Alors que les témoignages de personnes victimes d’inceste se comptent par milliers sous le hashtag #MeTooInceste depuis la sortie du récit de Camille Kouchner, La familia grande, Emmanuel Macron a nommé Edouard Durand, juge des enfants, et Nathalie Mathieu, directrice d’une association spécialisée, à la tête de la commission sur l’inceste. Ils remplacent Elisabeth Guigou, démissionnaire.
Parallèlement à ces nominations, Emmanuel Macron promet la mise en place de deux visites de dépistage et de prévention contre les violences sexuelles faites aux enfants au primaire et au collège. Il annonce également le remboursement des soins psychologiques pour les victimes.
Le 3919 : la procédure de marché public est interrompue. La semaine dernière, la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui assure la gestion de la plateforme téléphonique pour les femmes victimes de violences sexistes, avait saisi la justice pour demander l’annulation de cette mise en concurrence. L’audience devait avoir lieu en février. Mais le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes retire la procédure de marché public.
C’est une victoire pour la FNSF, qui dénonce depuis plusieurs mois les risques d’une telle mise en concurrence.
L’association « réaffirme sa volonté et sa disponibilité pour étendre la plage d’écoute des femmes victimes de violences pour que celles-ci puissent joindre le 3919, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ». Elle demande, à ce titre, au gouvernement une revalorisation de la subvention dédiée au fonctionnement de la ligne d’écoute.
Réfugiés : un nouvel outil pour les travailleurs sociaux. Droit au séjour, état civil, regroupement familial… L’association France terre d’asile ouvre un nouveau service dédié aux professionnels pour l’accompagnement des réfugiés. Organisé par le biais de rendez-vous en visioconférence, il a commencé à fonctionner le 28 janvier.
Ces permanences dématérialisées sont accessibles gratuitement et sur rendez-vous. Elles doivent aider les intervenants à trouver des solutions aux personnes bénéficiant d’une protection internationale.
Immigration : un bilan annuel peu pertinent. Rendues publiques le 21 janvier par le ministère de l’Intérieur, les premières statistiques disponibles sur la migration et la demande d’asile en 2020 sont sans appel. La fermeture des frontières et les contraintes de circulation générées par la crise sanitaire liée à la Covid-19 ont, sans surprise, fait sensiblement régresser le nombre de demandes de titres de séjour et de protection internationale. Les visas délivrés sont en baisse de 79,8 %.
Mais ces chiffres ne proposent pas un état des lieux précis de la situation migratoire en France. « Leur analyse est confuse dans la mesure où elle ne tient pas compte des personnes qui sont sur le territoire depuis de nombreuses années », précise Gérard Bouvier, administrateur de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Autre inexactitude pointée : ces chiffres comprennent aussi les visas délivrés aux étudiants qui n’intègrent pas la définition de l’immigration car, bien qu’ils représentent le tiers de la délivrance totale, un tiers d’entre eux s’installent ensuite durablement en France.
La primo-délivrance des titres de séjour a, quant à elle, diminué de 20,5 %. La Cimade regrette l’imprécision des données. « Nous savons combien de titres ont été délivrés mais nous n’avons aucun regard sur le nombre de demandes déposées », déplore Gérard Sadik, responsable national de l’asile. Le manque de détails empêche l’association de comprendre les raisons pour lesquelles la baisse des primo-arrivants n’est pas plus significative.