Recevoir la newsletter

Redonner la parole aux enfants

Article réservé aux abonnés

Groupes de parole, programmes spécialisés… De plus en plus d’outils existent pour accompagner les enfants qui en ont besoin. Ils permettent aux jeunes et à leurs parents de travailler sur leurs émotions.

Peu à peu, des groupes de parole pour les enfants faisant face à des conflits parentaux se développent à travers la France, souvent inspirés du travail de la médiatrice et travailleuse sociale québécoise Lorraine Filion, qui les a importés. A l’Espace médiation famille de Montauban, les médiatrices Béatrice Guijarro et Ghyslaine Ruchaud animent ainsi un groupe dénommé « Le sac à dos des mots ». Copiloté en quatre séances avec une psychologue, il rassemble quatre à cinq enfants de 6 à 11 ans, orientés par un travailleur social ou venus par le bouche-à-oreille. L’objectif est de travailler sur les émotions via des ateliers. « L’idée est de pouvoir poser des mots sur ce que la séparation a fait, ce qu’elle fait encore », explique Béatrice Guijarro. « Un de nos outils phares est l’“arc-en-ciel des émotions”, qui représente un fil rouge pour parler de leurs sentiments et est ensuite proposé aux parents lors de la cinquième rencontre, avec le collectif des parents. Celle-ci s’avère généralement très forte émotionnellement parce que nous laissons les enfants adresser un message commun aux parents, qui travaillent eux-mêmes sur une réponse à leurs enfants. » Ces groupes permettent souvent de prendre du recul. « Les parents arrivent à se décentrer un peu de ce qu’ils vivent et à se recentrer sur l’impact du conflit sur leurs enfants. »

Des parcours spécifiques

Un constat partagé par l’éducatrice Laetitia Sabatier, dont l’équipe de Montélimar avait mis en place un groupe de parole, alors conditionné à la tenue d’entretiens parentaux, essentiels selon elle. « Si les parents arrivent à établir des systèmes de communication qui épargnent l’enfant du conflit, c’est déjà un pas en avant. » La confidentialité était un préalable indispensable. La personne qui les animait n’était d’ailleurs pas la référente de la mesure. « C’était un espace où leur parole était respectée et entendue. Ce qui se passait dans le groupe restait dans le groupe, alors que, souvent, dans ces situations, leur parole est utilisée, instrumentalisée. » L’éducatrice se souvient aussi des astuces que les enfants du groupe se donnaient pour passer, par exemple, des bras de leur mère à ceux de leur père.

L’union départementale des associations familiales (Udaf) de Corrèze a aussi mis en place des groupes de parole. Depuis 2018, son service a fait évoluer ses pratiques en s’appuyant sur le parcours « Reliance », développé par Après la rupture-As’trame France. Les actions de cette association née en Suisse sont subventionnés par les CAF de cinq départements. Médiateurs et travailleurs sociaux sont formés à animer cinq séances spécifiques en cinq semaines pour accompagner des enfants de 4 à 12 ans en proie à des « manifestations de souffrance » (troubles alimentaires, agressivité, dévalorisation…) liées aux séparations et aux conflits. La structure de Valérie Papon Laviale suit une quarantaine d’enfants par an. « Les parcours Reliance sont des petits groupes de deux enfants avec une seule animatrice ou de quatre enfants à deux animatrices. C’est un travail à la fois généraliste avec des outils ludiques, et d’introspection, individuel. »

L’entretien préalable avec les parents est une phase clé. « Nous allons faire une première évaluation de l’environnement de vie de l’enfant, de l’ambiance familiale, du contexte de la séparation, avec des signes évalués à l’entretien préalable puis au bilan. C’est la raison pour laquelle on est capable de dire l’efficacité de ce parcours. » Un parcours perçu comme « un outil complémentaire » pour la médiatrice, qui va parfois permettre aux parents de revenir en médiation ou de débloquer, à l’issue du programme, des conflits cristallisés. « Lorsque les parents voient les changements de comportement de leurs enfants, ils se rendent compte de l’impact qu’ont leurs querelles sur eux », confirme Brigitte Le Borgne, présidente en France de l’association. « Ce n’est pas une thérapie, c’est un soutien, mais il y a des effets thérapeutiques très nets », ajoute-t-elle.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur