Le report sine die de la loi « autonomie » agace. Les acteurs du secteur espéraient encore que le texte, toujours évoqué et jamais inscrit au calendrier parlementaire, parviendrait enfin devant les députés dans les semaines à venir. Mais leurs espoirs viennent d’être douchés par Brigitte Bourguignon. Répondant aux questions insistantes des députés à ce sujet, le 13 janvier, la ministre déléguée chargée de l’autonomie s’est résignée à avancer l’après-crise sanitaire. Des propos qui ont suscité incompréhension et colère. Comme ceux de Didier Sapy, directeur de la Fnaqpa (fédération nationale d’établissements pour personnes âgées non lucratifs) : « Il va falloir que la ministre clarifie ses propos, estime-t-il. Car s’il y a report de la loi, je serai un peu inquiet pour elle. C’est la finalité même de son ministère qui serait remise en question. » Le secteur du domicile se montre de son côté très virulent. A l’image d’Hugues Vidor, directeur général de la fédération nationale d’aide, d’accompagnement et de soin à la personne Adédom. « Entre la revalorisation des salaires, les questions de financement, la gouvernance, l’organisation du secteur, les urgences sont multiples et la réforme devait y répondre. Nous n’allons pas pouvoir continuer très longtemps comme cela. » Ce report a surpris l’ensemble des acteurs du secteur. Jamais un ajournement n’avait été évoqué lors des réunions hebdomadaires qu’ils ont avec la ministre. « Jusque-là, madame Bourguignon assurait que la loi serait présentée au premier trimestre 2021 », confirme Hugues Vidor.
Collectif des associations unies : des logements durables plutôt que des hébergements d’urgence. Le CAU, qui regroupe 39 acteurs de la lutte contre le mal-logement, a lancé le 18 janvier une nouvelle campagne pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur les mesures à prendre. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Christophe Robert, son co-porte-parole, dénonce le manque de prise en compte des enjeux de long terme par les politiques publiques. Au risque de créer des effets collatéraux irréversibles à la crise sanitaire. Or il est pour lui urgent d’éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en crise humanitaire.
Violences faites aux femmes : quel avenir pour le 3919 ? Le doute plane sur la pérennisation de cette ligne d’écoute à destination des femmes victimes de violences. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 11 janvier, Caroline De Haas, fondatrice du collectif Nous toutes, soutient que le gouvernement souhaite « purement et simplement » supprimer ce numéro de téléphone. Les vives inquiétudes exprimées par la militante féministe découlent d’une réponse à une question posée sur la plateforme des marchés publics. Le gouvernement y explique notamment que la marque associée à ce service d’écoute « est en cours de définition », laissant ainsi supposer que le nom et le numéro pourraient changer. Le 3919 « commence à être connu et reconnu partout en France. Ça fait des années qu’on se bat pour le faire reconnaître, alerte Caroline De Haas. Des femmes victimes de violences continueront à appeler le 3919 et n’auront plus personne au bout du fil. » Contacté, le ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes assure, de son côté, qu’« il n’est aucunement question » de supprimer ou de changer de numéro, « mais bien au contraire de renforcer l’accompagnement des femmes victimes de violences via ce service ».
Mais pour Françoise Brillet, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes, qui gère actuellement la plateforme téléphonique, le maintien du 3919 n’est qu’un « volet » du problème. « Notre principale préoccupation reste la mise en concurrence d’une mission d’intérêt général, souffle-t-elle. Il s’agit de confisquer aux associations de notre réseau et aux autres associations féministes une ligne d’écoute nationale qui a été construite pendant trente ans à force de mobilisations et de subventions. »
Dans un communiqué de presse publié le vendredi 15 janvier, la fédération ainsi qu’une vingtaine d’autres associations expliquent craindre « la disparition d’un savoir-faire associatif unique ». Elles pointent un cahier des charges trop axé sur les critères quantitatifs (durée et quantité des appels) et dénoncent « une approche mercantile, déconnectée et éloignée de la mission première du 3919 ».
Les différents acteurs associatifs demandent ainsi le retrait de cette procédure de marché qu’ils assurent ne pas être obligatoire, contrairement à ce que soutient le gouvernement.
Une web tv sur l’innovation associative. Experts, paroles d’acteurs, reportages. La web tv lancée par l’Uniopss et ses déclinaisons régionales proposera six émissions en 2021. Toutes veulent valoriser l’inventivité des associations, particulièrement mise en lumière par la crise actuelle. Pour son premier numéro, le 26 janvier à 14 h, ce sont les Hauts-de-France et la région Grand-Est qui seront à l’honneur.