La liberté de choix en 2019, puis, en 2020, l’accompagnement et le risque de l’influence. Voilà les deux thématiques déjà traitées au cours des 12 heures de formation bâties conjointement par l’Arifts Pays de la Loire et la résidence Arceau. En mars prochain, pour la troisième année consécutive, un groupe de résidents viendra apporter son « savoir de vécu » aux futurs éducateurs, moniteurs… qui se montreront intéressés. La thématique, elle, reste à définir, d’un commun accord entre les deux établissements.
Ce module de formation, dit du « croisement des savoirs », témoigne d’une volonté déjà ancienne, et renforcée par la réforme de la formation en 2018, de l’Arifts de promouvoir la participation des personnes aux cursus d’enseignement. Optionnel, accessible en 2e année de licence, il s’ajoute aux 6 heures obligatoires en 1re année sur ce sujet, aux 12 supplémentaires en fin de parcours. Et au « saupoudrage de la thématique dès que cela est possible, par exemple dans un cours sur le diagnostic partagé ou la coconstruction du projet », indique Karine Poulalion, formatrice et cheffe de projet sur ces questions du développement de la participation des personnes concernées à la formation des futurs travailleurs sociaux. ATD quart monde a inspiré cette formation, elle qui l’a déjà proposée avec des personnes précaires, par exemple autour de la parentalité à destination des futurs professionnels de la petite enfance.
« Nous souhaitons valoriser les savoirs de vécu, analyse Karine Poulalion, afin que puisse évoluer la conception que les futurs travailleurs sociaux peuvent avoir de la personne à soutenir. Ces usagers sont experts de leur situation, il faut le reconnaître. » Et ainsi éviter « tout phénomène de domination symbolique », poursuit-elle. Ce qu’à ses yeux les stages ne suffisent pas à ancrer dans les pratiques, y compris chez les alternants.
Cette formation de deux jours nécessite de faire appel à des outils pédagogiques spécifiques, adaptés aux modes de communication des personnes cérébrolésées, qui peuvent avoir des troubles de mémoire, de la concentration, de l’attention… Parmi eux, le photolangage, qui permet de s’exprimer à partir d’images. « Ces sessions demandent un investissement pédagogique important, confie Karine Poulalion. Des réunions se tiennent en amont pour tout caler, des travailleurs sociaux de la résidence accompagnent les participants, des outils doivent être imaginés et les modalités d’évaluation des jeunes établies. »
Educatrice spécialisée et coordinatrice de projet, Mélanie Moreaux s’est immédiatement montrée enthousiaste lorsque la résidence, où elle travaille depuis 14 ans, a été sollicitée par l’Arifts : « Je trouvais cela novateur. Et c’est valorisant pour les participants, qui ont même été payés, et donc reconnus comme formateurs à part entière. » Cinq la première année, ils étaient déjà huit la suivante à se montrer volontaires. Comme Chloé : « En utilisant l’image, on pouvait aider les jeunes à adopter la bonne attitude lorsqu’ils devront nous aider, ensuite. La première chose que j’attends, moi, c’est qu’on m’écoute… »