Il est décidément bien difficile de suivre le parcours heurté de la pourtant si nécessaire loi « autonomie ». Les professionnels du secteur peinent à comprendre la « stratégie » de Brigitte Bourguignon, dont c’est pourtant l’unique tâche au gouvernement. Le 13 janvier, devant les députés, elle déclare que le texte ne pourra être porté devant la représentation nationale tant que la crise sanitaire ne sera pas derrière nous. Une semaine plus tard, le 20 janvier, elle affirme sur son compte Twitter que « la réforme du#GrandÂge et de l’#Autonomie est sur les rails. Elle montera en puissance toute cette année et reste une priorité de ce quinquennat ».
Face à tant de contradictions, la ministre de l’autonomie nous offre un navrant spectacle. Car de deux choses l’une : soit elle navigue à vue, sans vision politique ni marge de manœuvre ; soit elle est consciente de jouer avec les espoirs de l’ensemble des associations et fédérations du secteur. Traduction : soit Brigitte Bourguignon s’avère impuissante à peser sur le calendrier parlementaire, soit elle verse dans le cynisme et la duplicité.
Les publics concernés et les dizaines de milliers de professionnels qui les accompagnent au quotidien valent décidément mieux que ces oscillations entre coups de com’ et absence de transparence.
En la matière, comme sur d’autres enjeux sociaux et médico-sociaux, c’est une pente glissante. Car à trop dévaloriser la parole des responsables politiques, on nourrit mécaniquement la défiance. Un terreau fertile à tous les excès, tous les populismes. Il reste une petite fenêtre de tir pour présenter cette réforme au Parlement : celle de la rentrée en septembre prochain. Mais il faudrait pour cela que le texte soit remarquablement écrit et largement consensuel. Aujourd’hui, le compte n’y est pas.
La loi « autonomie » est actuellement en soins intensifs. Il serait triste et regrettable d’en arriver aux soins palliatifs.