Une petite révolution en matière de formation des travailleurs sociaux, jusque-là majoritairement assurée au travers des diplômes d’Etat, pourrait bien se produire en 2021. Très remaniées par la loi de septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, de nouvelles certifications professionnelles sont lancées, et d’autres sont en projet. Les centres de formation font montre d’un certain enthousiasme (page 8). Soumis à une forte concurrence, ils ont sans doute à y gagner : le développement de l’offre de formation pourrait attirer à eux de nouveaux apprenants. Ce qui, dans un secteur social et médico-social en forte pénurie de main-d’œuvre, prend chez les employeurs les traits d’une bonne nouvelle, y compris hors établissements. D’autant plus que, selon nombre d’experts, la formation – et en particulier la reconnaissance des compétences – constitue l’une des réponses à apporter aux enjeux du manque d’attractivité. Encore faut-il que les salariés puissent s’y retrouver dans la jungle foisonnante des certifications, que des passerelles et des équivalences soient, dans les faits, établies entre elles, et que les parcours de compétences appelés des vœux de tous se mettent en effet en œuvre. Ce sont là les conditions minimales requises pour favoriser les mobilités professionnelles promises aux salariés. France compétences s’y emploie, mais cela se fera à tout le moins sur le moyen terme (page 10). D’autres questions restent en suspens, au point que d’aucuns se méfient de ces blocs de compétences où ils entrevoient le risque de formations au rabais, de marchandisation du secteur de la formation et d’ouverture des portes à un plus grand nombre de travailleurs sociaux libéraux (page 12). Autant de débats que seules trancheront les utilisations qui seront faites de ces dispositifs par les salariés et les employeurs, appelés à coconstruire des parcours individualisés. Reste qu’il s’avère urgent aussi de traduire ces cheminements en revalorisations salariales. En cela, la question des certifications professionnelles se voit intimement liée à celle de la réforme des conventions collectives (voir ASH n° 3187 du 4-12-20, page 6). Le dialogue social, souvent ardu dans ce secteur, devra donc s’établir, sous peine de voir les difficultés structurelles résister aux évolutions tant des métiers que des formations. Ce dont l’accompagnement des personnes, réalisé par les travailleurs sociaux et médico-sociaux, pâtirait, lui aussi, en bout de course.
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