L’inhumanité

Le récit à la première personne de cet éducateur, aujourd’hui chef de service dans un centre de soins, fait froid dans le dos. Pourtant, il est inspiré d’événements réels s’étant déroulés en Picardie, entre 1992 et 2000 dans un foyer de vie accueillant des personnes handicapées mentales. L’institution, un ancien hospice, n’est pas citée, en revanche, les prénoms des résidents sont réels, pour ne pas « ajouter de la misère à des hommes qui n’ont que trop connu les brimades ». Au total, 140 hommes vivant reclus, vêtus à l’identique. Des corps anonymes, décharnés, des êtres morcelés, infantilisés, déshumanisés, parqués là… Des vies qui n’attendent que la mort. « De telles institutions, loin de tout, internant des personnes si vulnérables et y enfermant les autres, ébranlent parfois l’homme le plus équilibré, écrit l’auteur. Il peut lui arriver de ressentir du dégoût, voire de la répugnance, qui se mêle à sa propre culpabilité. Il lui arrive de ne plus s’empêcher, alors il punit, alors il réprimande, alors il prive. »