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Un métier, des valeurs

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En décembre dernier, les travailleurs sociaux étaient dans la rue pour crier leur colère (lire notre « événement » dans les ASH n° 3189). Alors qu’ils se sont mobilisés comme jamais depuis le début de la pandémie de Covid-19, déployant des trésors d’inventivité pour ne laisser aucune personne vulnérable – enfants, personnes âgées ou handicapées, exclus, migrants – sans aide, ils ont été oubliés du Ségur de la santé. Invisibilisés, ces professionnels n’en restent pourtant pas moins déterminés et motivés. Pour ce premier numéro de l’année 2021, nous leur donnons la parole. Pourquoi sont-ils devenus éducateurs, assistants de service social, accompagnants d’élèves en situation de handicap, assistants familiaux, auxiliaires de vie ? Pour certains, le métier s’est révélé être une véritable vocation. Pour d’autres, il est le fruit du hasard, de rencontres ou de la volonté de « rendre la pareille », à l’instar de Pablo (page 9). Quelles que soient les raisons, aucun ne voudrait changer de travail, même si, pour Véronique, il s’agit d’une reconversion tardive (page 12). S’ils aiment leur profession, c’est qu’en dehors de leurs compétences, ils ont choisi, implicitement ou explicitement, de défendre des valeurs humanistes. « Le travail social est l’espace privilégié pour appliquer ces valeurs, pas seulement les proclamer », affirme Sylvie (page 8). Tous évoquent le respect, l’ouverture, l’empathie, l’écoute, la solidarité, l’absence de jugement, la relation inconditionnelle à l’autre… Des mots forts que résume la formule d’Elisabeth : « L’humanité est la même partout » (page 13). Mais pour aller vers l’autre, il faut souvent déconstruire préjugés et représentations, souligne Manuela (page 10), ou Véronique, qui n’aurait jamais imaginé s’occuper de personnes âgées (page 12), ou encore Mathilde, qui a découvert le monde de l’autisme (page 9). Pour autant, le care n’est guère tendance dans les sphères décisionnelles, et les travailleurs sociaux ne sont pas dupes. Quotidiennement, leurs valeurs et leur éthique se heurtent aux impératifs budgétaires, aux procédures administratives, au manque de moyens, à l’exigence de résultats à court terme, à leur faible rémunération. Les femmes et les hommes qui ont témoigné ne baissent pas les bras. Sylvie et Laure se battent pour une meilleure reconnaissance (pages 10 et 11). Thomas, lui, sait qu’accompagner les personnes démunies, les marginaux parfois, « est très politique » (page 14). Dans un contexte où la précarité augmente, où les inégalités sociales se creusent, où la question du sens au travail se pose cruellement, les travailleurs sociaux ont le bonheur de se sentir utiles. Ils ont aussi envie de transmettre leur flamme à d’autres. Beaucoup interviennent dans les instituts de formation au travail social, continuent à se former eux-mêmes pour améliorer leurs pratiques. Peut-être rêvent-ils tous, tel Sadek (page 9), d’un « monde meilleur ».

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