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« Le sentiment d’être une fenêtre qui s’ouvre »

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« J’avais 50 ans quand j’ai décidé de changer de métier. J’étais secrétaire commerciale, mais j’avais envie de m’occuper d’enfants. J’ai passé le diplôme et, depuis six ans, j’accueille deux enfants, un frère et une sœur de 14 et 15 ans. Ils habitent 365 jours par an chez moi.

Je sais maintenant que c’était ma vocation et regrette beaucoup de ne pas avoir fait ce métier plus tôt. On fait des rencontres extraordinaires avec ces enfants. Ils ont une envie absolument incroyable de vivre, de réussir. Cela vaut le coup de se battre pour eux, même quand c’est compliqué. Ils n’ont rien demandé mais essaient de s’en sortir avec leurs moyens. Avoir un enfant chez soi qui s’émerveille parce que vous avez fait un simple plat de pâtes, qui vous dit “merci de m’accueillir”, cela n’a pas de prix.

Quand les enfants sont arrivés à la maison, mon mari et moi étions très disponibles. Nos deux filles étaient déjà adultes et l’intégration s’est faite de suite, sans jalousie. Il n’y a pas eu à partager maman, la maison, les jouets. Ils étaient en demande d’une famille d’accueil. En revanche, cela s’est très mal passé avec la première adolescente que j’ai eue. Elle avait une histoire très lourde et n’a pas trouvé sa place. C’était difficile pour elle d’accepter d’être placée, de se lever et de manger à telle heure, de rentrer directement après l’école. Il y avait un “trop” très violent pour elle.

Les enfants m’appellent par mon prénom. C’était imposé par les parents, qui ne voulaient pas qu’ils utilisent des sobriquets. Mais souvent, à l’école, des enfants accueillis disent “papa” et “maman” pour être comme leurs camarades et ne pas se faire remarquer, parce que c’est trop dur d’expliquer. J’ai vraiment le sentiment d’être une bulle d’air, un havre de sécurité pour ces enfants, une fenêtre qui s’ouvre sur autre chose. Les assistants familiaux sont indispensables, il y a beaucoup d’enfants en foyer et en maison d’accueil spécialisée qui voudraient être en famille d’accueil pour avoir quelqu’un sur qui compter. Malheureusement, dans mon département, en ce moment, on cherche 100 familles qui puissent recevoir deux à trois enfants chacune. Il n’y a pas beaucoup de candidats car nous ne sommes pas très soutenus financièrement pour tout ce que nous faisons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Je me définis comme polyvalente sociale : je suis assistante familiale, maman de secours, éducatrice, infirmière, psychologue. Il faut décrypter le moindre signe qui pourrait faire que ça va déraper. Mais un enfant dont les yeux brillent, c’est merveilleux. Pour rien au monde je ne voudrais changer de métier. »

Notes

(1) Auteure de Famille d’accueil. Les expériences avant de se lancer (éd. La Boîte à Pandore).

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