« A partir du moment où j’ai débuté dans le travail social, j’ai compris à quel point il est enrichissant de pouvoir aider. Les diversités culturelles, la multiplicité des situations des personnes que j’accompagne et la polyvalence dont il faut savoir faire preuve m’intéressent beaucoup. Pouvoir entendre dix langues différentes lors d’un repas est une richesse. J’apprends chaque jour en échangeant avec des gens dont le parcours de vie est singulier : un dentiste géorgien, un ingénieur ivoirien… Très curieux, j’ai toujours besoin d’être dans un processus d’apprentissage.
Je ne suis pas arrivé là totalement par hasard : la quasi-totalité de ma famille occupe une fonction proche des personnes vulnérables. Ma mère est bibliothécaire dans un quartier défavorisé de Pantin (Seine-Saint-Denis), mon père était directeur d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Venu du Chili, il a lui-même obtenu le statut de réfugié. J’ai grandi dans un logement social en banlieue et bénéficié d’une animation de quartier importante. J’ai le sentiment que l’on m’a beaucoup aidé et je souhaite rendre la pareille. A 16 ans, j’ai passé le Bafa [brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur] et ai commencé à travailler l’année suivante dans des centres de loisirs. Le lien avec les familles ou avec l’ASE [aide sociale à l’enfance] m’a bien motivé.
Depuis, l’accompagnement social fait partie intégrante de mon parcours. Après mon bac, je me suis occupé de jeunes autistes en tant qu’auxiliaire de vie scolaire, puis j’ai obtenu mon diplôme d’éducateur spécialisé. Et là, j’ai découvert le travail en centre d’hébergement d’urgence avec l’accueil des familles. Cela me permet de continuer à m’occuper des enfants. Cette prise en charge globale est très intéressante.
Je suis devenu chef de service grâce à l’obtention d’un master en management des organisations sanitaires et sociales. La formation est essentielle. Elle permet de prendre du recul, de se constituer un réseau, et vient compléter l’expérience. Au regard du nombre grandissant de personnes précaires, il est fondamental de se professionnaliser et de se perfectionner. Grâce à cela, je peux aider d’autres travailleurs sociaux lorsqu’ils rencontrent des points de blocage. »