Recevoir la newsletter

« Nounous » en colère

Article réservé aux abonnés

Pendant douze ans, une assistante maternelle et un chercheur ont recueilli les témoignages d’une cinquantaine d’assistantes maternelles de la région parisienne et d’ailleurs. Le constat est sans appel : la réalité professionnelle de leur activité n’est pas reconnue. A commencer par l’appellation même de leur métier qui leur semble inappropriée – elles n’assistent personne – et genrée : « Le salarié est évidemment au service des parents et pas seulement de la mère », soulignent les auteurs. C’est encore pire pour le terme « nounou », infantilisant et ne rendant pas compte de leurs compétences. Les discriminations sont une autre caractéristique du métier. Aux considérations de classes (avoir un grand appartement pourvu en capital culturel, un mari qui ne soit ni chômeur ni retraité…) s’ajoutent les préjugés ethniques et religieux. Mais si les assistantes maternelles sont en colère, c’est surtout qu’elles sont dévalorisées et sous-payées. Un régime dérogatoire du droit du travail leur est d’ailleurs appliqué et leur salaire horaire peut être inférieur au Smic alors qu’elles travaillent souvent 45 heures par semaine. Une étude de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) datant de 2014 précise qu’elles perçoivent pour l’ensemble des enfants qu’elles gardent en moyenne 1 038 € net par mois, ramenant le salaire horaire médian par enfant à 3,40 € contre 3,52 € en 2019. Une plateforme présente dans 18 pays européens estime que « les assistantes maternelles de l’Hexagone sont le mode de garde le moins cher d’Europe et de loin ». Preuve de leur invisibilité : elles ne bénéficient pas de la médecine du travail. A propos de ce métier, certains chercheurs n’hésitent pas à évoquer une forme de « nouvelle domesticité ». La crise du coronavirus les a encore davantage précarisées. Licenciées, mises au chômage partiel… des assistantes maternelles ont baissé les bras, d’autres, au contraire, se sont mobilisées pour faire entendre leur voix. Seront-elles entendues ?

Notes

« Le scandale des assistantes maternelles » – Louise et Sonny Perseil – Ed. L’Harmattan, 12,50 €.

Culture pro

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur