Orthophoniste de métier, Isabelle Collié est devenue « facilitatrice » au sein de l’association Agapei. Depuis 2011, elle est au service des jeunes, de moins de 6 ans à 20 ans, au sein des quatre Sessad (services d’éducation spéciale et de soins à domicile) spécialisés dans le handicap (autisme et déficience intellectuelle) et de l’IME (institut médico-éducatif) de la structure, à Toulouse. Forcément, « la particularité de nos publics conditionne le conseil de la vie sociale », convient-elle. « Tout est adapté en fonction de leur possibilité de participer ». Pas question de renoncer au CVS, un moment privilégié qui constitue aussi l’occasion de rencontrer à la fois les usagers et les familles. « On a senti que des jeunes avaient un vrai intérêt pour le CVS mais se retenaient de candidater, de peur de prendre la parole, sidérés par le côté un peu formel », explique celle qui est devenue, depuis, responsable technique et pédagogique de la structure.
La facilitatrice vient casser ces barrières. Elue des professionnels au sein des CVS, Isabelle Collié a endossé le rôle de par ses compétences. « J’avais une vision clinique de leurs difficultés », explique-t-elle. Etre facilitatrice suppose un certain positionnement. « Je suis à leur service mais je n’ai aucune initiative propre en dehors de ce qu’ils me demandent. Je ne corrige aucune faute. J’aurais honte de reprendre un gamin. On n’est pas là pour faire à leur place. Il faut savoir s’oublier », insiste-t-elle. Isabelle Collié chapeaute, si besoin, les jeunes délégués du CVS lorsqu’ils partent recueillir le point de vue de leurs camarades. Ce qui, souvent, n’est pas un problème… Des affichages sont aussi mobilisés pour permettre aux volontaires d’inscrire leurs remarques. « Souvent, ils me demandent de les aider pour retranscrire les retours, explique-t-elle. Le jour J, je suis à côté d’eux physiquement, il faut les soutenir du regard. Je n’interviens que si un jeune n’arrive pas à lire sa feuille. Une fois que le CVS est terminé, la secrétaire de direction prend en charge la rédaction du compte rendu », détaille-t-elle.
Cette démarche a permis de faire évoluer les pratiques. « Les jeunes expriment leurs besoins facilement. Ils sont capables de dire quand tout va bien », quitte à contredire leurs parents, souligne Isabelle Collié. « Nos ados nous ont demandé d’avoir un espace à eux. Ils veulent des moments entre eux, qu’on les laisse tranquilles pendant un temps, ce à quoi on n’avait pas pensé en tant que professionnels, car on est très attentifs à être à leurs côtés », souligne Isabelle Collié. En conséquence, une salle a été aménagée pour leur permettre de faire des pauses.