C’est un mouvement calme, presque souterrain. L’art-thérapie, après avoir été adoptée par de nombreux pays tels la Suisse ou le Canada, tend à se généraliser en France et monte en puissance depuis le mitant des années 1980. Cette approche du soin, qui s’adresse à l’ensemble des publics en difficulté et se situe aux confluences de la psychiatrie, de la médiation artistique et du travail social, présente de nombreux atouts. Et, d’abord, celui de soulager les souffrances des sujets par des dispositifs non médicamenteux. Mais cette discipline pâtit encore trop d’une tendance qui vise à la confondre avec des enseignements dont la finalité est une production artistique ou des activités occupationnelles. Car, pour l’art-thérapeute, la « production » finale est moins importante que le processus, que le geste au moment où il est en train de se réaliser… Ce qui lui importe réellement, c’est que le cadre mis en place offre aux personnes prises en charge la possibilité d’exprimer leurs souffrances, leur mal de vivre. Y compris lorsque celles-ci ne sont pas capables de verbaliser leur ressenti (page 8). In fine, bien davantage que le point d’arrivée, c’est le chemin qui retient l’attention de ce professionnel.
La souplesse et la plasticité dont font montre les art-thérapeutes leur permettent d’accompagner de nombreux publics : des enfants atteints de troubles du spectre autistique, des personnes en surpoids ou en stress post-traumatique, des handicapés moteur, des schizophrènes (page 15), des seniors atteints de démence sénile, voire monsieur et madame tout le monde, qui n’auraient ni la force ni le goût de se confronter à un travail psychothérapeutique.
Si l’art-thérapie concerne, a priori, tous les arts – comme la musique via la musicothérapie, ou encore le théâtre par le biais de la dramathérapie –, un constat s’impose : les espaces scéniques et leurs techniques restent à développer, ainsi que les capacités de moyens (disposer d’instruments ou de locaux adaptés, par exemple). C’est pourquoi de nombreuses institutions se tournent davantage vers les arts plastiques, comme l’illustre cette semaine l’événement des Actualités sociales hebdomadaires. En effet, le matériel et les contraintes d’installation dans un espace dédié sont plus faciles d’accès. L’immédiateté des dispositifs n’est pas non plus sans rappeler les racines et les origines de l’art-thérapie.
Ces professionnels formés et de plus en plus aguerris doivent encore gravir une marche : que soient reconnues par les établissements leurs compétences particulières (page 12), qui les conduisent souvent à jouer les facilitateurs au sein d’équipes pluridisciplinaires.