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Des lendemains qui chantent

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Du 5 au 10 juillet 1948, à l’appel de l’Unesco, créée trois ans auparavant, des spécialistes de la jeunesse se rassemblent en Suisse, à Trogen. C’est là qu’un idéaliste, Walter Corti, a fondé pendant la Seconde Guerre mondiale un village d’enfants. Entièrement imaginé par lui, chaque maison abrite des jeunes Européens orphelins, mutilés, abandonnés, dénutris. A l’époque, en Allemagne, 8 millions d’enfants n’ont plus de toit, ils sont 3 millions en Italie et 1,5 million en France. Le projet des fondateurs de ces « républiques » enfantines est de construire un monde de paix pour des victimes innocentes. En plus de l’aide humanitaire apportée, l’expérience s’inspire, en grande partie, des pédagogies alternatives de Célestin Freinet, de Maria Montessori, de Donald Winnicott… selon lesquelles les enfants doivent fonctionner en quasi autogestion. « Ce sont eux qui manient pelles et pioches, marteaux et truelles pour cultiver les terres et bâtir leurs villages ; ce sont eux qui gèrent et composent leurs propres conseils municipaux, mais aussi leurs tribunaux, leurs forces de police, leurs coopératives, journaux, et parfois même leur monnaie intérieure », écrivent les auteurs. Un peu partout en Europe, des villages d’enfants ont vu le jour à l’initiative de prêtres, psychiatres, instituteurs, militants de l’« éducation nouvelle », bonnes volontés… Au point que l’engouement pour ces réalisations devient international. En France, il se symbolise avec la République d’enfants de Moulins-Vieux (Isère), initiée dès 1939, au Hameau-école de l’Ile-de-France, à proximité de Paris, ou encore au Home pour enfants espagnols en Haute-Savoie. Mais, à partir des années 1950, ce bouillonnement d’idées et d’inventivité va commencer à péricliter, remisant progressivement les républiques d’enfants au rang d’utopies. Curieusement, les historiens ne s’étaient jamais vraiment penchés sur ces communautés inédites. C’est désormais chose faite avec ce livre passionnant, qui conjugue textes et photos d’archives.

Notes

« L’internationale des républiques d’enfants. 1939-1955 » – Samuel Boussion, Mathias Gardet et Martine Ruchat – Ed. Anamosa, 26 €.

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