L’école aussi a ses incasables. Rachid Zerrouki, professeur en section d’enseignement général et adapté (Segpa) à Marseille, a entendu plus d’une fois ce terme dans les couloirs de l’Education nationale. Il en a fait le titre de son ouvrage, publié en août dernier. Non pas pour valider l’idée, mais pour la battre en brèche. « Il n’y a pas de jeunes incasables. Tous les élèves ont leur place à l’école », assure Rachid Zerrouki. Son livre raconte l’enseignement auprès de ces jeunes en difficulté scolaire, souvent issus de classes populaires, qui cumulent difficultés familiales et troubles du comportement. « La Segpa – c’est de notoriété publique à l’Education nationale – est un fourre-tout qui rassemble des publics très hétérogènes autour des difficultés scolaires, explique-t-il. Certains y sont à leur place : l’effectif réduit, le rythme plus lent, les ateliers de préprofessionnalisation répondent à leurs besoins. D’autres sont orientés par défaut et se rapprochent un peu plus du décrochage scolaire. » « Rachid l’instit » (son pseudo sur Twitter) pointe le manque de temps de coordination pour construire des ponts avec les différentes institutions. La réunion de l’équipe de suivi de scolarisation, qui rassemble une heure par an les différents intervenants gravitant autour du jeune, parents compris, est, selon lui, aussi précieuse que rare. « On avance énormément sur les difficultés rencontrées comme sur l’individualisation du parcours. Mais une heure pour faire des propositions cruciales, c’est trop court. » Les contacts avec les travailleurs sociaux sont souvent le fait de démarches officieuses : « des coups de fil, des mots sur le carnet de correspondance ». Et, à l’occasion, il constate la difficulté des éducateurs, notamment dans les Itep, à résister à la tempête.
L’événement
La vie en Segpa, à l’école des « incasables »
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