Afin d’améliorer l’attractivité des emplois du secteur de l’aide à domicile, le réseau Amicial, fondé par la Croix-Rouge, a décidé de transformer l’organisation tayloriste des équipes. « J’ai voulu tester des méthodes pratiquées aux Pays-Bas, qui consistent à appliquer les principes de l’entreprise libérée à des secteurs comme le nôtre », explique la directrice de la structure, Julie Gauthier. En 2019, trois équipes de six aides à domicile officiant dans le Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône rejoignent volontairement cette initiative. Leur feuille de route ? Mettre en place leur propre organisation du travail en élaborant elles-mêmes les plannings. « Le responsable hiérarchique n’est plus dans cette optique un donneur d’ordre mais un accompagnateur. Ce qui change complètement le point de vue des salariées : elles ont mieux compris les contraintes et se sont interrogées sur la manière d’y faire face », poursuit la responsable.
Chacune des trois équipes a adopté un mode d’organisation différent : dans une d’entre elles, un leadership est rapidement apparu ; dans une seconde, les membres ont géré le planning à tour de rôle ; quand dans la troisième, enfin, les tâches ont été réalisées en concertation, tout le monde étant associé aux décisions. « Nous leur avions laissé de grandes marges de manœuvre et les résultats sont quasiment équivalents, poursuit Julie Gauthier. Cette autonomie dont les équipes ont fait preuve a permis de limiter l’absentéisme. Il n’y a pas eu de problèmes relationnels, ni d’échecs. Une personne a abandonné en cours de route mais pour d’autres raisons. Et quand nous avons souhaité intégrer une nouvelle salariée, elles se sont collectivement occupées de son recrutement. » Une enquête menée auprès des personnes aidées est elle aussi venue confirmer ces résultats positifs. Au point de convaincre aujourd’hui Amicial d’étendre son expérimentation.
De nouvelles équipes en Ile-de-France entreront dans la boucle en janvier prochain. « Nous avons aussi travaillé sur un parcours de formation dédié aux équipes autonomes qui ont besoin de connaissances en matière de gestion de logiciel, d’organisation et de gestion des relations interpersonnelles », conclut la directrice générale, reconnaissant par ailleurs que pour généraliser ces modes de fonctionnement, il faut parallèlement lever les freins liés à la réglementation sociale mais aussi à la prise en charge financière des heures passées à gérer les plannings car celles-ci ne peuvent pas être facturées comme les prestations à domicile…