À propos de la crise d’adolescence, Françoise Dolto parlait du « complexe du homard », de l’enfant qui se défait de sa carapace pour en acquérir une autre. Entre les deux, il oscille entre déprime, repli, agressivité, pulsions, soif d’ouverture… Dans son dernier livre, la psychanalyste italienne Laura Pigozzi évoque « la fleur qui ne peut pas éclore ». Celle-ci se questionne : et si la part la plus extériorisée des adolescents ne serait pas en train de s’affaiblir chez certains, au point qu’ils n’aient pas envie de faire l’effort de grandir ? En témoignent, selon elle, l’augmentation inquiétante des jeunes reclus dans leur chambre à la manière des « hikikomori » japonais, des adolescents « hyposexués ou totalement asexués », des jeunes filles jouant avec des « reborn dolls », poupées en silicone ayant la consistance, le poids, la peau, l’odeur d’un bébé… bref un ersatz d’enfant donnant l’impression de la maternité. Aujourd’hui, la migration de l’enfance vers l’âge adulte et la naissance du sujet qu’elle sous-tend seraient-elles devenues plus que jamais difficiles ?
« Périlleuse adolescence » – Laura Pigozzi, Ed. érès, 20 €.