une construction en bois, avec un toit végétal. Le lieu se veut douillet et chaleureux. Mais aussi neutre : il est situé à côté de l’établissement principal. Car la pièce que construit la maison d’enfants à caractère social rhodanienne Les Trois Planches de Saint-Jean-la-Bussière vise à maintenir le lien avec les familles. En les y accueillant, ou en permettant à parents et enfants d’échanger de façon confidentielle, au moyen de systèmes de visioconférence. D’où le nom du projet, baptisé « Fil d’Ariane ».
Et en plus de préserver ou de recréer des liens affectifs, ce programme se veut collaboratif, éducatif et écologique. Respectueux de l’environnement, au vu des matériaux employés ou du système de chauffage avec un poêle à granulés, ce nouveau bâtiment sert aussi de support aux apprentissages des adolescents accueillis, qui participent à sa fabrication.
L’établissement dispose d’un agrément pour 12 jeunes, encadrés par sept adultes. Sept de ces adolescents sont internes. Durant les vacances de la Toussaint, ils ont été rejoints par cinq camarades accompagnés par un service de prévention spécialisée d’une ville voisine appartenant à la même fondation, Les Amis du Jeudi Dimanche (AJD). Ensemble, ils ont mis le bâtiment hors d’eau. « Une façon, pointe Jean-François Vrand, le directeur de la structure, de leur faire découvrir les métiers du bâtiment, de les sensibiliser à l’écologie et de leur apporter quelque chose à valoriser dans leur parcours. »
« Ces jeunes ont grandi dans l’insécurité, complète Maryse Chevalier, directrice générale de la fondation AJD. Nous œuvrons à la construction et à la reconstruction de liens, en particulier affectifs. » Ce qui, selon elle, ne peut réellement se mettre en place qu’au sein de petites structures comme celle-ci.
Aussi la fondation, principalement basée en Auvergne-Rhône-Alpes, revendique-t-elle une approche familiale de l’accompagnement, pour favoriser un « accueil individualisé ». Concrètement, les jeunes participent à l’ensemble des activités de la vie de la maison, de la cuisine à l’entretien, en passant, donc, par la construction de bâtiments. « Ce fonctionnement, qui s’apparente à celui d’une famille, permet aussi de révéler aux éducateurs des choses que l’on ne dirait pas dans un cadre formel », poursuit la directrice.
Ce lieu vise donc, au sein de l’établissement, à redonner leur place aux familles, parfois élargies lorsque les parents font défaut. Et il devra permettre, via le travail à distance, de développer des complémentarités avec les autres structures de la fondation. « En interne, nous décloisonnons complètement les réponses que nous apportons aux jeunes grâce à nos dispositifs et nos établissements. Cela permet de concevoir des solutions adaptées », mentionne Maryse Chevalier.
La fondation a pioché dans ses fonds propres, pour lancer le projet et convaincre des partenaires. Puis elle a reçu un don individuel privé, et bénéficié de mécénat de compétence et de matériaux provenant d’entreprises locales. Le département du Rhône s’y est aussi associé. La salle accueillera ses premiers échanges familiaux début 2021.
Sitôt ce projet bouclé, le directeur espère lancer la construction d’un atelier partagé de 400 m2, où des PME locales pourraient disposer de l’espace qui leur fait défaut et partager leurs savoir-faire.