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« C’est pas grave, sauf que parfois tu meurs »

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Jour 1. J’ai mal partout, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai soif, je frissonne, j’ai sommeil… Bref, j’ai un gros coup de mou. Le boulot, la fatigue, l’automne, les gosses… ça doit être ça. Forcément.

Jour 2. Pas mieux. Pas grave, c’est week-end. Je me repose entre deux siestes.

Jour 3. Pour une fois que j’avais un week-end de trois jours, j’avais prévu d’en profiter un peu. Sorties, apéro avec les potes, boutiques avec les enfants… Ah ben non, pouet, c’est confinement. Plus prosaïquement, j’avais juste prévu de ranger un peu et de rendre ma chronique à l’heure (pour une fois). Je crois que c’est mort.

Jour 4. Avec un cocktail café-vitamines-paracétamol, je devrais pouvoir survivre à une journée de travail. Motivation extrême, je peux le faire, j’y crois très fort, je vais y arriver. Ou pas.

Allez, quand faut y aller, faut y aller, direction le boulot, en plus aujourd’hui c’est tests antigéniques pour tout le monde, pas question de rater cette occasion unique de me faire déflorer les narines ! J’avoue, j’en mène pas large, je suis un peu chochotte sur les bords, heureusement que l’infirmière est souriante et me raconte plein de blagues pour me détendre, inspire, ça pique un peu là, expire, non mais poussez pas derrière, inspire, on est au fond là, non ? Inspire, ah non, ça c’est fait, expire, on touille et on gratouille, ça y est, c’est fini, j’ai presque pas eu mal et j’ai pas pleuré, je peux avoir un bonbon ?

Un quart d’heure plus tard, la docteure qui m’annonce le résultat n’est pas très riante et pas très détendue : test positif, retour maison sans discussion, et à la semaine prochaine !

Panique à bord. Il faut récupérer les mômes, trouver un labo pour des tests en urgence, comment ça c’est que le matin ? Comment ça demain c’est férié ?

Jour 5. « Le Covid, c’est pas grave dans la plupart des cas, sauf que parfois tu meurs. »

Mon fils est tellement subtil !

Jours 6, 7, 8, 9, 10. Les jours se suivent et se ressemblent : une longue succession de siestes et de somnolences. Je ne sais même plus si on est jeudimanche ou luncredi. Je me lève, je grignote un truc, je me rendors… Je me relève, j’essaie vaguement de faire un truc pas trop difficile… Je m’épuise… Hypersomnie le jour et insomnie la nuit, en toute logique… Plus je dors, plus je suis fatiguée. « Repose-toi », me disent les collègues. Je culpabilise. Ils triment et je ne fais rien. « Prends du Covidium 5CH et de l’huile de patate avariée première pression à froid », me conseille tata Francine. Merci, mais non merci.

Histoire de passer le temps entre deux siestes, j’essaie de regarder le documentaire dont tout le monde parle. C’est plein de gens avec plein de titres qui disent plein de mots. Conspiration, terrorisme psychologique, manipulation… J’ai bien envie de leur coller un test PCR dans un endroit inapproprié. De toute façon, un mouton qui clame : « Je ne suis pas un mouton », ça reste un mouton.

Jour 11. Je suis censée reprendre le travail demain. Je suis censée reprendre le travail demain. Je suis censée reprendre le travail demain…

La minute de Flo

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