A force de scruter l’actualité, le regard finit par s’émousser,
De courriels en communiqués de presse, on en vient à oublier,
Que chaque mot, chaque témoignage est dépositaire d’une réalité.
Dans une France sclérosée, covidée, la grande pauvreté s’est installée.
Dans les rédactions, la question est désormais posée :
Comment rendre compte d’une situation sociale si dégradée ?
Chaque jour, davantage de ménages sont endettés et doivent choisir : entre le loyer et la cantine, que devons-nous payer ?
Une enquête récente du Secours catholique vient sur ce point nous édifier.
Plus de la moitié des personnes en situation de précarité ne disposent que de 9 € journaliers.
9 euros seulement pour se vêtir, se nourrir, se soigner.
Cet alarmant constat est par ailleurs corroboré,
Par la Fondation Abbé-Pierre, cet acteur qui vient nous alerter.
Pour elle, 300 000 personnes vivent dans la rue, reléguées.
Un nombre qui, depuis 2001, a triplé.
19 ans, déjà, que sont attendus sur cette question les travaux de l’Insee.
Qui se presse lentement, l’urgence lui semblant de ne pas réparer un thermomètre cassé.
Que pourrait-il démontrer, ce triste marqueur de vérité ?
Que si la misère monte, elle n’est pas esseulée.
Sa compagne de toujours, la colère populaire, veut l’accompagner.
Mais les décideurs, politiques et actionnaires confinés, semblent vouloir l’ignorer.
Ce calcul est hasardeux. Car face à tant d’inégalités et de revendications frustrées,
Ce sont les chaos et les révoltes qui pointent le bout de leur nez.
Si l’éditorialiste se sent parfois impuissant, il lui reste la poésie, les rimes et les idées,
Pour apaiser, peser, interpeller. L’espoir est faible, mais il le conserve, voilé,
Que dans une nation comme la France, éprise follement depuis sept siècles d’égalité,
Le mot fraternité ne soit pas oublié.