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Soutien des parents et accueillants : le champ des possibles s’ouvre

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Certains dispositifs parient sur l’instauration ou la restauration des liens multiples. Comment ? En aidant les parents ou les familles d’accueil à développer leurs relations avec les enfants placés tout en renforçant leurs compétences parentales. Exemples.
Les Garagnas : un service pour adolescents difficiles

Créé en 2006, le dispositif des Garagnas, service financé par le département de la Loire, a émergé pour venir en appui des familles d’accueil qui rencontrent des difficultés avec un enfant qui leur est confié. L’objectif ? Eviter que le placement familial prenne fin en essayant de remettre du lien entre l’assistant familial et l’accueilli. « A l’origine, l’idée était de pouvoir soulager les familles d’accueil en proposant un accueil de jour personnalisé, en milieu ouvert, rembobine Grégory Dupin, seul éducateur spécialisé du service. En 2013, le service s’est repositionné pour assurer un accompagnement éducatif individualisé en complément des acteurs sociaux, scolaires et de santé intervenant déjà avec le mineur. » En effet, les jeunes accueillis dans la villa ont la particularité de présenter de forts troubles du comportement. Lorsque les difficultés apparaissent, généralement au début de l’adolescence, leur prise en charge se révèle parfois très chronophage. Un temps que les travailleurs sociaux n’ont pas, mais que Grégory Dupin peut mettre à profit en les recevant un par un, au rythme d’un jour par semaine sur plusieurs mois. « Sans leur passage par les Garagnas, ces jeunes iraient plus mal, constate-t-il. Si ce n’est pas toujours aussi efficace qu’on le voudrait, mon action permet au moins de remettre du liant entre les différents professionnels que le jeune fréquente ; ce qui incite celui-ci à trouver sa place, et un sens à ce qu’il veut donner plus tard. »

É. de V.

Maison Sainte-Odile : un lieu entre enfants et parents

Trois appartements composent la Maison Sainte-Odile, située à Lingolsheim, en Alsace, en annexe de la Mecs (maison d’enfants à caractère social) Saint-François-d’Assise des Apprentis d’Auteuil. Entièrement équipés et autonomes, ils sont réservés aux parents d’enfants placés par les services sociaux du département qui, faute de logement ou vivant dans un logement inadapté, ne peuvent exercer chez eux leurs droits de visite ou d’hébergement. « Notre premier souci est de leur mettre un lieu à disposition pour qu’ils puissent se retrouver en famille le temps d’un après-midi, d’une journée ou d’un week-end, de sorte que le lien parents-enfant soit maintenu », explique Mathilde Courbet, éducatrice spécialisée et coordinatrice de ce service d’accueil des familles créé en 2006.

Particularité du lieu, les visites ne sont pas médiatisées. Les parents bénéficient toutefois d’un soutien et d’une aide éducative de la part des deux éducatrices spécialisées, présentes du mardi au dimanche. « L’idée, c’est de leur donner une chance de reprendre confiance en leur capacité à s’occuper de leur(s) enfant(s). Dans certains cas, cela se révèle déterminant pour le parent, qui se remobilise et peut récupérer son enfant », poursuit la coordinatrice. Dans d’autres cas, le parent arrive à se reloger et peut accueillir son enfant. Dans d’autres, encore, le placement est maintenu, et l’accompagnement par le biais du service permet au moins à l’enfant de se créer des souvenirs avec ses parents.

É. de V.

Conférence familiale : le pouvoir d’agir des familles

« Ma première réaction, en découvrant les conférences familiales, a été la réticence. Je ne voyais pas comment, en invitant un travailleur social à une réunion familiale, un plan d’action concret pourrait émerger. Je n’avais juste pas du tout saisi la démarche », avoue Christophe Jabet, coordinateur de conférences familiales au conseil départemental de la Gironde. Inspirées d’expériences européennes, les conférences familiales permettent en effet de mobiliser les capacités d’une famille ou de son réseau social autour d’une situation spécifique, de façon à rendre celle-ci actrice des propositions d’accompagnement qui la concernent.

En pratique, cette démarche a pour particularité d’être déclenchée par la demande d’une personne – y compris un enfant – ou d’une famille, qui bénéficiera alors de l’aide d’un coordinateur neutre et indépendant. Son rôle ? Préparer et animer la conférence pour aider les personnes invitées à identifier et à formuler les difficultés. En Gironde, où les premières conférences familiales ont été mises en place en 2017, les demandes concernent principalement les violences conjugales, la maltraitance à enfant, les problèmes scolaires, les conflits parentaux… Conseillère technique en travail social au sein du département, Nelly Deverchère aspire toutefois à un élargissement de son utilisation, en impliquant tous les acteurs de la protection de l’enfance. « On pourrait aussi imaginer qu’à terme cela puisse être porté au niveau national et que les conférences familiales deviennent une démarche qui facilite la participation des personnes », suggère-t-elle. Et Christophe Jabet d’ajouter : « Je crois que si on adopte ce fonctionnement, cela va révolutionner l’approche du travail social en institution. »

É. de V.

AIDAA : mieux cerner l’attachement

Pour comprendre le concept Aidaa, développé par l’association Petales France, il faut se donner la peine de découvrir ce qui se cache derrière son acronyme : Attachement Insécure Décrypter Adapter Anticiper.

C’est en effet à travers la qualité du lien d’attachement entre l’enfant et celui qui s’occupe de lui – théorie élaborée par Bowlby dans les années 1950 – que l’association s’est donné pour objectif d’accompagner les parents en difficultés relationnelles avec leur enfant. « A l’origine, nous nous adressions à des parents adoptifs, mais, rapidement, nous nous sommes ouverts à toutes les filiations », retrace Anne, administratrice de l’association. Aujourd’hui, un certain nombre de demandes proviennent ainsi de familles d’accueil. Le rôle des bénévoles, formés par l’association, est de les amener à mieux comprendre pourquoi certaines réponses ne sont pas appropriées dans le cadre d’un attachement insécurisant, et de réfléchir avec eux à des attitudes parentales plus adaptées. « Il ne s’agit pas de plaquer des recettes toutes faites, mais de faire du pratico-pratique avec une base théorique qui est à la portée de tous », précise l’administratrice. De plus en plus sollicitée par les institutions, l’association organise également des journées d’information destinées aux différents acteurs évoluant autour des familles. « Notre expertise terrain est très appréciée des travailleurs de l’ASE, qui sont demandeurs de ce type de retour d’expériences, se félicite-t-elle. C’est dans l’intérêt de tous que nous nous comprenions mieux. »

É. de V.

« Écris l’Histoire » : Un coffret pour la vie

Dans toutes les librairies, les albums de vies peuplent les rayons, mais pas un n’est consacré aux jeunes de la protection de l’enfance ! Nombre de ces derniers sont pourtant en perte de repères familiaux et à la recherche, à l’âge adulte, de traces de leur histoire pour mieux comprendre leur vécu. « En France, il existe encore des gens qui pensent que celle-ci doit rester secrète, constate Nathalie Chapon, sociologue, enseignante et chercheure au Lames (Laboratoire méditerranéen de sociologie), à l’université Aix-Marseille. Je pense, au contraire, que l’accès à son histoire est indispensable à la construction d’un enfant confié. Quelle meilleure preuve de reconnaissance de son être profond que de pouvoir recueillir les événements marquants de sa vie dans un coffret personnalisé ? » Lancé en mars 2019, le coffret « Ecris l’Histoire » s’adresse aux enfants confiés, de la naissance jusqu’à l’âge de 12 ans. Outre deux tiroirs dans lesquels l’enfant peut glisser des souvenirs ou des lettres, le coffret comprend un livre jeunesse – L’histoire de Lapinou – présenté sous la forme d’abécédaire, avec des mots-clés significatifs pour l’enfant placé, ainsi qu’un album de vie dont l’utilisation est actuellement expérimentée par les quelque 500 assistants familiaux et référents de l’aide sociale à l’enfance du département des Bouches-du-Rhône.

É. de V.

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