Recevoir la newsletter

Des attachements multiples

Article réservé aux abonnés

Qu’est-ce qui fait famille pour un enfant placé ? C’est la question qu’a posée la sociologue Nathalie Chapon, dans le cadre d’un ouvrage(1), à 71 jeunes de 6 à 21 ans confiés à une famille d’accueil. Une majorité d’entre eux se sont référés au lieu où ils habitent, c’est-à-dire à la famille d’accueil avec laquelle ils partagent leur vie quotidienne. Et une minorité ont évoqué leur famille biologique. Pour d’autres encore, les liens affectifs ne correspondent à aucune de ces entités mais se trouvent à l’extérieur du périmètre familial, chez des amis, par exemple. Enfin, 30 % revendiquent l’idée d’avoir deux familles, une de naissance et une d’accueil, et refusent de choisir entre l’une et l’autre. Pendant longtemps, le débat sur les liens d’attachement en protection de l’enfance a priorisé la famille d’origine. En particulier, la séparation prolongée d’avec la mère était considérée comme la source potentielle de troubles graves pour l’enfant. En privilégiant l’intérêt de l’enfant et la prise en compte de ses besoins fondamentaux dans les décisions qui le concernent, la loi du 5 mai 2007 réformant la protection de l’enfance a opéré un tournant majeur. Lequel a été conforté par la loi du 14 mars 2016 recommandant de se centrer définitivement sur le jeune. Mais les théories ont la vie dure, et la logique « parentaliste » est d’autant plus tenace que, en pratique, le placement n’est pas fait pour durer. Toutefois, de nombreuses voix s’accordent désormais pour affirmer qu’il faut tenir compte de l’attachement sécurisant et de la compensation affective que peut offrir une famille d’accueil. Une dynamique nouvelle se met progressivement en place dans les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) visant à encourager la pluralité des liens, voire la coparentalité, sans opposer la famille naturelle à la famille accueillante (page 8). Enfant placée il y a plus de trente ans, Stéphanie Callet n’a pas eu cette chance. Et a pâti d’une institution et de juges ayant sacralisé la relation avec une mère qu’elle n’avait pratiquement jamais vue et dont la présence a été délétère pour la jeune fille (page 10). Donner une chance aux enfants confiés en écoutant leur parole, à leurs parents biologiques lorsqu’ils ont besoin de soutien et aux familles d’accueil, qui demeurent souvent invisibles aux yeux de l’aide sociale à l’enfance, c’est ce que les professionnels, éducateurs et associations, tentent désormais de construire. Plusieurs expériences ont déjà vu le jour (page 12). Une chose est sûre : le champ des possibles s’ouvre.

Notes

(1) Les liens affectifs en famille d’accueil, Nathalie Chapon, Gérard Neyrand et Caroline Siffrein-Blanc – Ed. érès, 2018.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur