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À Montréal, des « navigateurS » pour les itinérants inuits

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À Montréal, des « navigateurS » pour les itinérants inuits

Crédit photo Ludovic Hirtzmann
Pour aider les autochtones en errance dans la plus grande ville du Québec à faire valoir leurs droits et se soigner, des personnes de même origine et de même culture, appelées « navigateurs », vont à leur rencontre.

Aux confins du quartier des affaires et du quartier des spectacles de Montréal, deux femmes inuites sont assises sur un trottoir, des bouteilles d’alcool à leurs côtés. Elles interpellent les passants pour obtenir un peu d’argent. Dans le centre-ville de la plus grande ville du Québec, les Inuits à la dérive sont légion. Ils ne parlent le plus souvent que leur langue natale, l’inuktitut, parfois quelques mots d’anglais. Cette population en souffrance est la plus touchée parmi les itinérants autochtones, un groupe également constitué de dizaines de tribus amérindiennes venues de tout le Québec. Oubliés, les Inuits constitueraient plus de 12 % des personnes itinérantes de la métropole montréalaise, alors qu’ils représentent moins de 1 % de celle-ci. Pour les aider, Médecins du monde Canada (MDMC) et le gouvernement canadien ont créé, au printemps 2019, un groupe de trois « navigateurs » en santé, parlant leurs langues. Objectif ? Leur faciliter l’accès aux soins et aux services sociaux

La plupart des personnes déracinées n’ont, par exemple, jamais demandé une carte d’assurance maladie, pourtant nécessaire pour pouvoir être soignés gratuitement dans les hôpitaux de la Belle Province. « Les navigateurs s’adaptent aux différences culturelles et aux caractéristiques individuelles des autochtones et font le rôle d’interface avec le reste de la population pour contrôler le racisme auquel ces derniers sont régulièrement exposés », explique Mélissa Cabana, porte-parole de MDMC.

Sensibiliser le personnel médico-social

Pour ce faire, les navigateurs parcourent la ville afin d’établir un lien de confiance avec les Inuits et les Amérindiens. L’idée est de comprendre leurs besoins et de les accompagner dans le dédale d’un système de protection sociale inapproprié à leurs problématiques et souvent hostile. « Ils s’assurent que les droits des personnes sont respectés et que les rencontres avec les professionnels de la santé se déroulent dans le respect », précise la porte-parole. La sensibilisation est une nécessité : en septembre dernier, une jeune mère amérindienne, maltraitée par des infirmières à l’hôpital de Joliette, à 75 kilomètres de Montréal, est décédée, faute de soins. Elle a eu le temps de filmer sa détresse et d’envoyer une vidéo incriminant les équipes soignantes à sa famille, provoquant un tollé chez les autochtones de la province.

« J’aime établir le contact entre le personnel médical et les patients que j’accompagne. Mon histoire permet de créer une relation : je suis un Innu [peuple autochtone originaire de l’Est de la péninsule du Québec-Labrador, ndlr]. J’ai grandi dans une réserve. Quand j’accompagne des aînés, je parle de mes grands-parents et de leur vie en forêt. Cela les rassure », souligne Jimmy Siméon, un navigateur de MDMC. Le jeune homme précise : « Le défi de traduction est vraiment entre le personnel soignant qui s’exprime avec des termes médicaux et le patient qui ne les comprend pas toujours. Je vais alors faciliter le dialogue, prendre le temps avec le médecin d’expliquer de nouveau. »

Outre l’écoute, l’accompagnement des autochtones dans les pharmacies ou les centres de soins, l’une des fonctions essentielles des navigateurs, est de sensibiliser les personnels soignants et les travailleurs sociaux aux réalités inuites et amérindiennes dans le but d’éviter la stigmatisation. Pour Mélissa Cabana, l’une des manières d’y parvenir serait d’embaucher directement des autochtones. A l’image de la clinique Anishnabé à Toronto (Ontario), gérée essentiellement par ces derniers et où des méthodes de guérison traditionnelles pour traiter des problèmes de santé mentale ont été mises en place.

… et d’ailleurs

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