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Protection de l’enfance : vers un confinement plus aisé

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Mieux préparés, les acteurs de la protection de l’enfance vont pouvoir poursuivre leurs missions durant ce deuxième confinement et compter sur l’ouverture des établissements scolaires. Toutefois, des inquiétudes plus ou moins vives persistent selon les structures.

« C’est un grand soulagement de savoir que nous allons maintenir l’activité », confie Anne-Sophie Jonquet, cheffe de service pour l’action éducative en milieu ouvert (Aemo) de l’association Olga-Spitzer 94. Alors que le pays entre dans une deuxième phase de confinement, un décret publié le 30 octobre permet aux acteurs de la protection de l’enfance de bénéficier de dérogations pour continuer à exercer. Les cellules de recueil, de traitement et d’évaluation des informations préoccupantes (Crip) doivent ainsi fonctionner « normalement », les interventions à domicile sont confirmées et, surtout, les écoles, collèges et lycées ainsi que les structures pour enfants handicapés continuent d’accueillir les jeunes. « Cela nous rassure car la rupture pédagogique a été une réalité pour beaucoup d’enfants. Le maintien des écoles est essentiel pour ne pas creuser l’écart des inégalités, soutient Anne-Sophie Jonquet. C’est aussi une bonne nouvelle pour les parents. » Beaucoup plus sceptique, Eric Kérimel, président de la Mecs (maison d’enfants à caractère social) L’Eau vive, à Coudoux (Bouches-du-Rhône), redoute une évolution rapide de la situation. « Certains établissements scolaires annoncent déjà des rentrées plus tardives ou des roulements pour faire cours en plus petits groupes. Il y aura plus d’enfants à garder à domicile, et cela va venir bousculer les pratiques. »

Autre point sur lequel le gouvernement a tranché : les droits de visite et d’hébergement (DVH) sont maintenus. Ce qui permet d’éviter une « rupture brutale » avec les familles, se réjouit Jeanne Cornaille, déléguée nationale du Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (Gepso). La continuité des DVH nécessite néanmoins un protocole lourd et exigeant, alors que la situation épidémique se dégrade. « Il faut s’organiser rigoureusement, mettre sur pied un planning pour éviter les contaminations venant de l’extérieur », expose ainsi la déléguée.

De manière générale, les acteurs de la protection de l’enfance rapportent être mieux préparés pour faire face à ce reconfinement. « En mars, nous avions dû bricoler pour proposer un plan de continuité d’activité. Cette fois, c’est moins le cas », explique Vincent Faraldi, chef de service à l’association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (Adsea) d’Ardèche. Désormais, les établissements sont équipés en masques, gel hydroalcoolique et tests de dépistage. Les personnels, quant à eux, ont appris à gérer un cas Covid ou un cas contact. « Tout cela concourt à rassurer les jeunes, les familles, les professionnels et les équipes d’encadrement », assure Jeanne Cornaille, selon laquelle il s’agit davantage de faire des « ajustements » que d’opérer une « grosse révolution ».

Des zones de flou

Parmi les inquiétudes des professionnels figure celle de perdre le contact avec des familles déjà réticentes à leur intervention. « Certaines, comme lors du premier confinement, peuvent mettre en avant le contexte actuel pour dire : “Non, on ne veut pas que vous veniez”, pointe Anne-Sophie Jonquet. Dans ce cas, nous ne ferons pas de forcing et adapterons nos pratiques, en nous entretenant par téléphone. » Pour rassurer au maximum l’entourage et obtenir son adhésion, loin d’être évidente dans le cadre d’une mesure d’Aemo, l’Adsea d’Ardèche a mis en place une « charte d’engagement réciproque » devant garantir le respect des protocoles sanitaires, aussi bien du côté des familles que de celui des travailleurs sociaux.

Interrogation également concernant les sorties sèches de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Si le gouvernement annonce qu’un « suivi attentif » de ces jeunes majeurs doit être mis en place par les départements, la déléguée nationale du Gepso reste dans l’expectative. « Une disposition liée à l’état d’urgence interdisait toute sortie sèche. Nous attendons de voir si la prolongation de cet état d’exception entraîne de fait une mise à l’abri automatique de ces jeunes. »

L’abandon des activités collectives pose par ailleurs question. « Une maison d’enfants n’est pas une île au milieu du Pacifique, ironise Eric Kérimel. Nos actions impliquent des activités culturelles, sportives, périscolaires qui vont être interrompues. Cela va demander beaucoup d’organisation, nécessiter plus d’heures de travail, de personnels. » Avant de lancer, lassé mais en colère : « Qui va payer ? »

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