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Précarité : un préoccupant effet d’accumulation

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Les écoles et leurs cantines continuent à accueillir les élèves. Nombre de services publics restent ouverts. Les associations ont acquis une expérience en matière de soutien aux plus démunis en période de confinement. Néanmoins, les personnes précaires vont durement voir se démultiplier leurs difficultés.

Action contre la faim, Médecins sans frontières… Conseiller technique à la lutte contre les exclusions et à la santé de l’Uriopss Paca, Francis Vernède s’étrangle à cette idée : les associations qui interviennent majoritairement pour aider des habitants de pays en voie de développement mènent aussi des actions à Marseille. Il redoute de les voir s’installer durablement dans le paysage associatif de la deuxième ville de France.

Comme en écho, le rapport sur l’ultraprécarité publié en octobre par le collectif Alerte Paca pointe des problématiques préexistantes au premier confinement, et prévient que des dimensions de la pauvreté se cumulent et se renforcent. Les auteurs ont cité l’insuffisance de droits et de ressources, l’insécurité alimentaire, le mal-logement et le manque d’hébergement, la santé et les soins, le non-recours aux droits et un accès difficile aux institutions. Alors, au commencement du deuxième confinement, les inquiétudes sont devenues fortes.

Un « cruel manque de logements »

En premier lieu, pour les personnes vivant à la rue. « Il existe un énorme écart entre le nombre de places d’hébergement, en augmentation certes importante, et celui des demandes. On part de tellement loin… », constate Francis Vernède. Il prévoit que, malgré des déclarations d’intention, le confinement « saison 2 » verra sans doute fermer certains accueils de jour, possiblement du fait d’un manque de bénévoles à certains moments. Même constat en Occitanie, où Sylvie Chamvoux, directrice régionale de la Fondation Abbé-Pierre, observe de surcroît un « cruel manque de logements ». Résultat : « Toute la chaîne se trouve embouteillée. Impossible de faire sortir quelqu’un d’un hébergement pour le loger et céder sa place à une autre personne vivant à la rue. » D’autant plus, regrette-t-elle, que certaines solutions d’urgence ne sont pas pérennisées, là encore en dépit des déclarations : au lieu d’être à nouveau attribuées, certaines places disparaissent sitôt leur occupant logé ailleurs. Une fermeture indirecte, en somme. Le tout pendant une période de confinement, cette fois hivernal.

Les ménages ayant commencé de glisser vers la précarité au printemps pourraient composer le deuxième public à pâtir fortement du nouveau confinement. Leur faible épargne a déjà été consommée lors du premier, et Houria Tareb, secrétaire générale de la fédération de Haute-Garonne du Secours populaire, voit déjà affluer des demandes d’aide financière exceptionnelle en plus des besoins en aide alimentaire, plus fréquents : « Certains ne parviennent plus à régler les charges du quotidien, les loyers, des crédits… » Dans le même temps, l’association ne peut plus organiser ses habituelles collectes au travers de braderies ou d’événements analogues. L’effet « ciseau » – plus de dépenses pour moins de recettes – se profile.

Par ailleurs, resurgissent des craintes de tensions intrafamiliales et de violences au sein des ménages entassés dans des appartements suroccupés. La question du difficile accès aux soins persiste, sur fond d’une détresse psychologique qui s’aggrave. Enfin, prévoit Sylvie Chamvoux, pour les personnes ayant récemment basculé dans la précarité, le non-recours aux droits se verra renforcé par le télétravail des travailleurs sociaux, qui rend la création du lien impossible puisque ces nouveaux précaires savent encore moins que dans des circonstances habituelles à qui s’adresser. D’où la nécessité, selon elle, de muscler l’« aller vers ».

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