Génération plurielle

Le vieillissement est un facteur d’inégalité. Pour preuve, l’épidémie de coronavirus qui sévit depuis mars 2020 affecte surtout mortellement les plus âgés. Mais pour dramatique qu’elle soit, celle-ci est loin d’être la seule injustice qui frappe nos aînés. En témoignent les différentes contributions rassemblées dans la revue Gérontologie et Société portant sur trois axes particuliers : l’exercice de l’autonomie, la santé et le lieu de vie. Première remarque : contrairement à ce qui est communément présenté et qui relève de moyennes, les personnes âgées ne forment pas un ensemble homogène. Une pluralité encore plus vraie aujourd’hui qu’avant. Or, l’augmentation de l’espérance de vie et de la population vieillissante va participer de plus en plus à la croissance des disparités dans la société. Car, si le montant des retraites et le patrimoine des seniors ont largement progressé ces dernières années, ils ne reflètent pas la réalité des situations. « Différents travaux en sciences humaines et sociales ou rapports publics récents mettent en exergue les enjeux entourant l’isolement ou l’exclusion sociale, la précarité économique et la difficulté à faire face aux dépenses de soins médicaux ou médico-sociaux d’un nombre significatif de personnes âgées », assurent Roméo Fontaine et Sophie Pennec, chercheurs à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Autre point : les inégalités de fin de vie ne tombent pas du ciel mais découlent de l’origine sociale et des parcours de vie professionnelle, familiale. Elles peuvent cependant se renforcer au grand âge. Mais, curieusement, alors que le passage au statut de retraité entraîne une baisse des ressources pour la majorité des anciens actifs, il peut procurer une source stable de revenus pour les personnes ayant été en situation de précarité auparavant, voire une occasion de « rentrer dans le rang ». La vieillesse n’en est pas moins un risque aggravant de marginalisation pour les plus exclus. A lire tout particulièrement : un article sur les aides à domicile en emploi direct et « l’ubérisation imminente des services à la personne ».