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Jeunes : des jeux pour prévenir les risques

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S’ils passent une grande partie de leur temps connectés, les « digital natives » n’en restent pas moins vulnérables face aux outils numériques. Souvent moins agiles qu’eux, les travailleurs sociaux peinent à les accompagner dans leurs pratiques. Certaines associations et formateurs indépendants parviennent toutefois à développer de nouvelles approches.

« Le numérique vient bousculer en filigrane toutes les pro­blématiques inhé­rentes à la jeunesse », soutient Pierre Khattou. Ce passionné est membre fondateur de l’association Icare, créée il y a une quinzaine d’années pour développer l’attitude critique face aux médias numériques. Opérant de façon itinérante dans la région de Toulouse, en zone rurale et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), la structure mise sur des ateliers éducatifs et ludiques. « L’idée est que les jeunes développent eux-mêmes leur propre contenu pour qu’ensuite ils aient des billes leur permettant de débattre de ce qu’est un bon ou un mauvais contenu, selon leur propre perception, explique t-il. Plus nous leur donnons des clés, moins ils subiront cette révolution technologique. » Du podcast à la robotique, en passant par les jeux vidéo et le codage, tout est prétexte à s’informer. Une des techniques fréquemment utilisées par le formateur est le « détournement d’objet ». Il s’agit de garder comme base de travail un des médias numériques qu’utilise le jeune pour faire passer un message nouveau, une dimension éthique, d’autres valeurs. Il peut s’agir de créer des jeux vidéo aux scénarios alternatifs ou, simplement, de proposer de jouer à des jeux indépendants lorsque le public est habitué aux « blockbusters ». « C’est un peu comme si je vous montrais du Xavier Dolan au lieu de vous filer toujours du Taxi 4 ou du Avatar », compare Pierre Khattou.

« Se décentrer de sa pratique »

Formatrice spécialisée en nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans les milieux sociaux et médico-sociaux, Morgane Quilliou-Rioual a elle aussi employé le « détournement d’objet » pour travailler avec des adolescentes de 12 à 16 ans faisant l’objet d’une mesure d’AEMO (action éducative en milieu ouvert). Mis en place avec l’association toulousaine Anras, le projet, baptisé Groupe 2.0, se fondait sur l’utilisation de films interactifs. « Ce type de supports permet de se décentrer de sa pratique, de faire un pas de côté et de ne pas être jugé ou mal vu par les jeunes », étaye cette éducatrice spécialisée de formation. En l’occurrence, les films choisis mettaient en scène une adolescente de 14 ans naviguant sur la Toile. « Le fait que les jeunes puissent interagir leur a permis de faire un lien avec leurs propres pratiques sur les réseaux sociaux. Elles se sont rendu compte qu’effectivement elles avaient parfois pu laisser des commentaires pas très sympas, liker ou partager des posts qui ont atteint des personnes dans leur droit à l’image ou relevaient de l’atteinte morale. »

Rétablir le dialogue avec les parents

Pour guider et protéger les jeunes, sensibiliser les parents apparaît également essentiel. C’est pourquoi le dispositif Groupe 2.0 comprenait des ateliers qui leur étaient spécifiquement dédiés, au cours desquels ils étaient informés de leurs droits et devoirs liés à l’usage des réseaux sociaux de leurs enfants. « Il est nécessaire de réinstaurer un dialogue incluant un adulte référent autour de pratiques numériques », assure Morgane Quilliou-Rioual. De son côté, Pierre Khattou rappelle que ce sont les parents qui achètent et intronisent tous ces outils : « Il est essentiel qu’ils prennent conscience de l’environnement dans lequel ils placent leurs enfants. »

Si, pour l’heure, les travailleurs sociaux restent globalement très peu formés aux enjeux numériques et font encore difficilement appel à des « relais extérieurs », un peu partout sur le territoire, des initiatives spontanées fleurissent. Le confinement a permis, par exemple, de créer des groupes WhatsApp ou Messenger pour rester en contact avec les jeunes par le biais de leurs réseaux fétiches. « Je trouve cela extrêmement intéressant », confie Morgane Quilliou-Rioual, qui émet toutefois des réserves : « Lorsqu’on y regarde de plus près, il n’y a souvent pas de charte d’utilisation, de limite de connexion… Or, comme tout projet global d’accompagnement, il faut commencer par la base : définir un cadre. »

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